Photo : S. Zoheir Par Samir Azzoug La grève du personnel navigant commercial (PNC) d'Air Algérie s'est poursuivie hier. Deuxième jour de perturbations dans le programme des vols de la compagnie. La contestation commence à prendre des dimensions inquiétantes en pénalisant ainsi les voyageurs et en engendrant un manque à gagner financier non négligeable pour la compagnie aérienne nationale. Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, le directeur des opérations au sol d'Air Algérie, Abdelhak Tobal, annonçait encore des «perturbations» dans les vols. Il informe que la compagnie essaie de faire face à la situation en affrétant des vols pour parer au plus urgent et soulager la souffrance des voyageurs bloqués, pour certains, depuis lundi matin au niveau des aéroports du pays et à l'étranger. Abdelhak Tobal affirme que certains vols ont quand même été assurés à destination de la France et de la Grande-Bretagne en partance d'Alger, de Sétif et d'Oran. Mais la situation n'était guère rassurante hier quant à la reprise normale des programmes de vol. L'intervention du nouveau P-DG d'Air Algérie n'a pas apaisé la situation. Dans une déclaration à l'APS, Mohamed Salah Boultif a qualifié la grève d' «illégale» mais a fait part de sa «disponibilité au dialogue et à la concertation». Sur les exigences imposées par les grévistes qui demandent, entre autres, une augmentation de salaire de 106%, le premier responsable de la compagnie reste ferme. Tout en réitérant son engagement pour une augmentation de salaire pour tout le personnel de la compagnie à hauteur de 20%, il refuse de faire bénéficier un corps de métier au détriment des autres. «Toute augmentation de salaire ne saurait être appliquée à une catégorie à l'exclusion des autres», déclare-t-il à l'APS. «Je ne peux me permettre d'appliquer des augmentations que sur la base des possibilités financières de la compagnie», argue-t-il. Dans ce sens, le P-DG s'est engagé à ouvrir le dossier de la refonte du système salarial des travailleurs pour établir une hiérarchisation des salaires répondant aux normes pratiquées par les compagnies internationales. Pour apaiser la tension, Mohamed Salah Boultif déclare vouloir faire le «maximum» en faveur d'une «justice salariale dans le cadre d'un système de hiérarchisation cohérent et favorable à la création d'un climat de changement positif de la compagnie». Rappelons, toutefois, que le personnel navigant commercial demande une révision de son statut pour bénéficier des mêmes avantages alloués aux personnel technique navigant (pilote, copilote) au lieu d'être assimilé au personnel au sol. Sur les autres revendications des PNC, le P-DG s'engage à améliorer les conditions de travail de tous les travailleurs de la compagnie et à construire un bloc opérationnel. Se désolant des désagréments causés par la grève, il déplore les pertes financières qui en découlent, précisant que pour le seul jour de lundi, la compagnie n'a pu assurer que 40 vols sur les 186 prévus.Les clients d'Air Algérie qu'ils soient en partance vers l'étranger ou de retour au pays ont souffert de cette situation. Dénonçant leur prise en otage en pleine saison estivale et le manque de communication et de prise en charge dans les aéroports nationaux ou à l'étranger, ils ont manifesté leur colère à différents endroits du monde. La compagnie Air Algérie aurait proposé aux voyageurs bloqués à Marseille souhaitant se rendre en Algérie de les transporter par voie maritime. Proposition qui fera réagir un voyageur : «Air Algérie est la seule compagnie aérienne capable de vous mener en bateau.»