Si les courbes des cours du brut et du prix à la pompe évoluent de pair, la tendance est clairement à la hausse des marges du côté des pétroliers. Ce sont les compagnies pétrolières dans les pays consommateurs qui en tireront profit. Cette situation ne risquerait pas de changer tant que les pays consommateurs ne sont pas trop regardants sur la taxation des produits pétroliers, le carburant en tête. Le pétrole reste ainsi un enjeu majeur, un facteur de premier ordre dans l'évolution de l'économie mondiale, un point de vue mis en relief par Christophe de Margerie, P-DG de la compagnie française Total, et largement repris par des médias européens dont Le Monde. Selon l'analyse du patron de l'entreprise hexagonale, «par définition» le marché de l'énergie est un marché «qui se rétrécit», ce qui explique, selon lui, la hausse «inéluctable» des prix. Doit-on d'ores et déjà se faire à l'idée d'une croissance économique basée sur un pétrole de plus en plus cher ? Le pire est à venir ? Les cours du brut évoluent depuis plus d'une année dans une fourchette oscillant entre 80 et 106 dollars en moyenne, des prix raisonnables pour l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Pas tout à fait pour les pays consommateurs qui ne cessent de demander à l'organisation de relever ses quotas. Mais quels sont les facteurs haussiers ? Pour le P-DG de Total, certains facteurs – structurels – de hausse n'ont pas changé depuis 2008. D'une part, il y a la forte demande en pétrole des pays émergents, au premier rang desquels la Chine, c'est une demande qui continue à tirer les prix vers le haut. D'autre part, les pays membres de l'Opep, qui regroupe les principaux producteurs de pétrole de la planète, «rechignent, d'après lui, à augmenter» leurs quotas, considérant que le niveau des prix actuels satisfait leurs intérêts. Enfin, les pays producteurs de pétrole non membres de l'Opep peinent à augmenter leur production. Ce que ne dit, cependant, pas Christophe de Margerie, c'est que les pays non Opep ne se soucient pas de la fluctuation des marchés. Expliqué autrement : quand bien même ils auraient suffisamment de capacités de production, les pays non Opep ne se mettraient pas à contribution, pour atténuer l'enfièvrement des marchés. Que de fois ils ont été invités par l'Opep pour discuter des marchés. Que de fois ils ont promis de retirer des volumes de pétrole sans le faire réellement. Et facteur aggravant, selon le P-DG de Total : les troubles dans le monde arabe, en particulier en Libye (8e producteur de l'Opep en 2009). Ils ont considérablement renchéri la prime de risque qui pèse sur le baril. Même si la crainte d'une large contagion des troubles ne semble plus justifiée, l'apaisement n'est pas encore à l'ordre du jour et le manque de pétrole libyen pèse sur les marchés. La conjoncture n'est pour autant pas tout à fait la même qu'en 2008, souligne, pour sa part, Céline Antonin, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), car, à l'époque, «le secteur était proche de la saturation en termes de capacités de raffinage». D'autre part, l'économie mondiale était encore «en période de surchauffe, avec une inflation élevée». A l'heure actuelle, le monde est en sortie de crise, la croissance a beaucoup reculé et les marchés pétroliers ne fonctionnent pas à plein régime, estime-t-elle. Le risque d'une «flambée» du pétrole est donc moindre. Cependant, une question : peut-on déterminer un «pic» au-delà duquel toute hausse serait impossible ? Les économistes ont beaucoup de mal à dégager un consensus, même s'ils s'accordent à dire que le prix du pétrole présente encore une marge à la hausse. Les économistes de Barron's, principal magazine d'information financière américain, cité par Le Monde, estiment qu'un baril à 150 dollars est «envisageable» d'ici au printemps 2012, citant, à titre de comparaison, le choc pétrolier de 1980, qui a vu le baril monter à 39,5 dollars, c'est-à-dire à 93,5 dollars actuels. Pour l'OFCE, en revanche, dont les économistes ont établi des prévisions basées sur une crise arabe courte, il est peu probable que le baril de brent dépasse les 120 dollars d'ici la fin de l'année. Même dans les prévisions les plus pessimistes, il est important de garder à l'esprit le précédent de juillet 2008, qui a vu le baril brièvement grimper à 147 dollars. Or, ce pic n'a pas aggravé la crise : au contraire, la récession a provisoirement affaibli la demande et cassé la spirale haussière. Y. S. 211 milliards de dollars : record des investissements dans l'énergie verte Les fermes éoliennes en Chine et les panneaux solaires mis en place sur les toits en Europe ont été derrière la hausse de 32% des investissements en énergie verte dans le monde avec un record de 211 milliards de dollars en 2010, selon le dernier rapport annuel sur les énergies renouvelables publié, il y a quelques jours, par le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), basé à Nairobi. Les investissements dans les énergies renouvelables ont atteint en 2010 un record de 211 milliards de dollars, soit un tiers de plus que les 160 milliards de dollars investis en 2009 et une hausse de 540% depuis 2004, souligne le rapport qui note que, pour la première fois, les économies en développement ont dépassé les pays développés en termes de «nouveaux investissements financiers». Plus de 72 milliards de dollars ont été investis dans les pays en développement, contre 70 milliards de dollars dans les économies développées. Le rapport «Tendances mondiales des investissements en énergie renouvelable», qui a été lancé par le sous-secrétaire général et directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner, souligne qu'avec 48,9 milliards de dollars de nouveaux investissements dans les énergies renouvelables, la Chine a été le leader mondial en 2010. L'électricité verte, pour tous ? Dans certains pays d'Europe, chacun peut acheter l'électricité ou le gaz à un prix réglementé, il y a diversité dans le panorama de fournisseurs d'énergie. Pour l'électricité, de nouvelles offres sont proposées et sont proclamées offres «électricité verte». Les fournisseurs d'énergie proposent des offres mixtes «électricité et gaz», une seule offre pouvant être «réglementée», la seconde libre, voire les deux. Bref, un casse-tête pour le particulier qui veut réduire, disons optimiser, sa facture énergétique, sans le regretter s'il change d'opérateur. En clair, il est aujourd'hui des opérateurs qui proposent des tarifs réglementés qui ont comme principaux avantages une maîtrise de l'évolution des prix, car seuls les pouvoirs publics, donc l'Etat, peuvent accorder une hausse. R. E.