Le mouvement de contestation au sein du FLN prend de l'ampleur. Après de simples réunions de bureau, le Mouvement dit de «redressement et d'authentification», coordonné par l'ancien ministre, Salah Goudjil, veut passer à une vitesse supérieure en menaçant, entre autre, de présenter des listes parallèles lors des prochaines élections législatives et locales.La question des élections est l'un des points d'achoppement entre la direction actuelle et les redresseurs. Salah Goudjil, coordinateur du mouvement de redressement et d'authenticité, a confirmé, hier à Alger lors d'une rencontre avec des militants des mouhafadhates du Centre, que sa récente rencontre avec Abdelaziz Belkhadem a buté essentiellement sur deux questions importantes. La première concerne l'assainissement des structures locales, tandis que la seconde a trait à l'élaboration des listes pour les élections législatives et locales de 2012. «Nous devons nous entendre sur des listes communes. Dans le cas contraire, nous serons obligés de constituer nos propres listes en nous conformant à la réglementation», a-t-il menacé.L'ancien membre du secrétariat exécutif du FLN, soutenu par des figures de proues de l'ancien parti unique à l'instar de Abderrachid Boukerzaza, Abdelkrim Abada et Mohamed-Seghir Kara, a estimé que la direction du FLN «n'a pas respecté les statuts du parti» en ce qui concerne le renouvellement des instances de base. Il a accusé Abdelaziz Belkhadem, «seul garant des statuts», d'organiser des «rencontres clandestines» pour le renouvellement des mouhafadhates. Salah Goudjil a révélé avoir transmis toutes ces question à Belkhadem. Ce dernier lui aurait demandé de «transmettre ces questions au comité central» qui se réunit la fin de ce mois. Ce que Salah Goudjil a refusé en adressant un courrier au secrétaire général pour signifier le refus de participer au Comité central et les raisons de ce refus.Le coordinateur du mouvement de redressement accuse la direction du FLN de privilégier l'argent au détriment des militants. Il donnera comme preuve le fait que «une centaine» de membres du Comité central ne répondent pas aux critères édictés par les statuts du parti qui stipulent, entre autres, que pour être éligible au Comité central ou à la tête d'une mouhafadha, le militant doit avoir au moins 10 ans de militantisme. Pis, il reproche même à son ancien responsable de ne pas avoir «expliqué le programme et l'identité du parti».Le cas le plus grave cité par les opposants à Belkhadem s'est produit à Tébessa, il y a deux jours. Mohamed-Seghir Kara, qui a présidé avec Abdelkarim Abada une rencontre avec les responsables de l'Est, accuse Belkhadem d'avoir nommé «un homme d'affaires, qui était en tête d'une liste concurrente en 2007, comme Mouhafedh». Cet homme d'affaires, qui exerce dans l'électronique, aurait, selon Kara, nommé un de ses amis comme «mouhafedh». Or, ces responsables sont, selon Kara, de nouveaux arrivés au parti.Une bagarre générale, qui a causé des graves blessures à plusieurs militants, avait éclaté entre les deux camps. Un député et une autre personne seraient toujours en observation à l'hôpital de Tébessa. «C'est Belklhadem en personne qui a donné instruction pour saborder notre réunion. Ce député a payé des voyous pour venir nous lyncher», a encore accusé le député de Bouira.Les reproches les plus graves viennent du fait que Mohamed-Seghir Kara se demandent «où est l'argent des bienfaiteurs ?». Il reproche à Abdelaziz Belkhadem d'avoir recruté des hommes d'affaires pour «des affaires douteuses». Pour illustrer ses propos, il se réfère à la loi. «Un citoyen ne peut pas donner plus de 1,5 millions de dinars par an. Or, Belkhadem a annoncé que des donateurs ont donné des milliards. Nous lui demandons de nous dire comment il a fait pour avoir cet argent et dans quel compte il a mis ces sommes».Le mouvement de redressement du FLN, créé en janvier dernier, revendique «au moins 65 membres» du Comité central qui en compte 347. Le groupe est coordonné par Salah Goudjil, assisté entre autres de Abdelkrim Abada, Mohamed-Seghir Kara, Abderrachid Boukerzaza et Mohamed Bourayou, tous anciens dirigeants du FLN. Une session extraordinaire du Comité central, instance suprême du FLN, se tiendra la fin du mois en cours à Alger. Elle se prononcera essentiellement sur ces questions organiques qui minent le parti depuis plusieurs mois. A. B.