L'Otan a mené dimanche des frappes aériennes contre des cibles militaires à Tripoli tandis que le colonel Mouammar Kadhafi a dénoncé dans un message audio «un complot colonial» visant son pays, en proie depuis plus de cinq mois au chaos. Les responsables de l'Otan affirment avoir touché deux centres de commandement à Tripoli où deux explosions ont secoué le quartier de la résidence du colonel Kadhafi, au cœur de la capitale libyenne. Le leader libyen avait affirmé, la veille, dans un message audio diffusé dans la nuit sur la télévision d'Etat que les «troubles» qui touchent son pays depuis la mi-février étaient un «complot colonial». Il a aussi rejeté les accusations d'éliminations d'opposants et de meurtres de milliers de manifestants, lancées par des groupes de défense des droits de l'Homme. A l'accoutumée de ses discours théâtraux, le colonel Kadhafi n'a pas hésité à exprimer sa solidarité avec l'ex-président égyptien Hosni Moubarak, qui a abandonné le pouvoir en février sous la pression de la rue. Il ne manquera pas de dire que Moubarek était «un homme pauvre, modeste» et qui «aime» son peuple. Dans le clan adverse, il ne se passe pas un jour sans que l'on récolte un soutien moral ou financier de la communauté internationale. L'Allemagne a annoncé hier qu'elle avait accordé une aide civile et humanitaire pour un montant de 100 millions d'euros à l'opposition libyenne regroupée dans le Conseil national de transition (CNT). «En raison de la guerre que mène le colonel Mouammar Kadhafi contre son propre peuple,la situation en Libye est extrêmement difficile», a expliqué, dans un communiqué, le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle. Depuis le mois de février dernier, la Libye est déchirée par des combats entre pro et anti-Kadhafi, au pouvoir depuis plus de quarante ans. Les rebelles, qui se battent depuis plus de cinq mois pour déloger le colonel Kadhafi, avaient indiqué vendredi avoir perdu 16 combattants dans l'est de Tripoli et avoir infiltré la capitale et attaqué un poste de commandement loyaliste. Ali al-Issaoui, le vice président du Conseil national de transition (CNT), a rencontré le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, à Rome. Ce dernier a affirmé que les attaques de l'Otan ont visé «des hauts responsables (...) notamment Seif, le fils de Kadhafi, et le chef des services secrets, Abdallah al-Senoussi». Une information démentie par des responsables libyens. Par ailleurs, les rebelles assurent avoir chassé de Brega, un port à 800 km à l'est de Tripoli, la majeure partie des forces pro-Kadhafi et qu'ils sont sur le point d'avancer vers la capitale en partant de Misrata et de leurs autres enclaves occidentales dans le Djebel Nafoussa, au sud-ouest de Tripoli. La campagne de Nafoussa se concentre sur Al-Assabaa, verrou stratégique avant la ville de garnison de Gharyan, sur la route de Tripoli. Selon le communiqué de l'Otan, les frappes de samedi à Brega ont détruit un entrepôt militaire, un lance-roquettes, un centre de contrôle et de commandement et un véhicule blindé. R. I.