Malgré la consolidation du dispositif sécuritaire et la neutralisation régulière de dizaines de malfaiteurs (des milliers sont interpellés chaque année par les services de police et de la gendarmerie), des actes de violences diverses sont signalés tous les jours, dans presque toutes les zones de la ville. Les agressions, les vols et les cambriolages se multiplient et ciblent les ruelles désertes pendant les premières heures du matin ou la nuit et les maisons situées dans les quartiers résidentiels. Selon les services des urgences médico-chirurgicales du CHU d'Oran, 65% des 400 personnes admises ces quatre derniers mois l'ont été conséquemment à des agressions physiques qui ont eu lieu de jour comme de nuit. Si les St-Pierre, les Amandiers, Sidi El Houari, Derb, l'USTO ou El Hamri comptent parmi les plus chauds de la ville, le phénomène des agressions s'est désormais généralisé à l'ensemble des autres quartiers qui, jadis calmes et sereins, sont le théâtre de plusieurs agressions. Du collégien qu'on déleste de son mobile à la ménagère violentée pour le porte-monnaie, les agresseurs ne doutent plus de rien et opèrent même, parfois, en plein jour. Plusieurs villas ont même été visitées ces dernières années, à la grande stupeur des habitants de la cité. Ce qui a poussé plusieurs propriétaires à installer des caméras de surveillance et les habitants à redoubler de vigilance : «Quand un agresseur ou un voleur est pris en flagrant délit, il paie pour tous les autres», ont pris coutume de menacer les jeunes du quartier. C'est ainsi que les malfaiteurs qui ont le malheur de se faire attraper sont copieusement tabassés sans être remis : «Pourquoi les remettre à la police si c'est pour les voir libérés quelques jours plus tard. Après une bonne raclée, il réfléchiront à deux fois avant de s'aventurer par ici», explique-t-on parmi les jeunes «justiciers» des différents quartiers de la ville. Le vol de voiture avec agression connaît aussi une augmentation significative dans une ville qui compte un grand nombre de voitures et de nombreuses nouvelles routes dont des tronçons ne sont pas éclairés; ce qui, de nuit, permet aux agresseurs de s'attaquer à des automobilistes contraints de conduire prudemment. Mais des cas sont également signalés en plein jour, dans des zones très fréquentées où des malfaiteurs n'hésitent pas à s'en prendre violemment aux automobilistes sans que cela suscite l'intervention des passagers, plus soucieux de leur propre sécurité. Cela s'est notamment vu dans le quartier d'El Barki où un quadragénaire a dû abîmer le bas de caisse de sa voiture allemande pour pouvoir traverser une route que des voleurs avait parsemée de grosses pierres : «Heureusement que je ne me suis pas arrêté et que les vitres étaient relevées, raconte la victime, toujours sous le choc, plusieurs jours après l'agression. Pendant que j'accélérais pour échapper au traquenard, esquintant ainsi ma voiture, les agresseurs tentaient d'ouvrir les portières et de briser les glaces à l'aide de couteaux et, je crois, de tournevis. Ce fut très dur !!» D'autres automobilistes, des chauffeurs de taxi principalement, n'ont pas eu la chance d'échapper à leurs agresseurs et ont été spoliés de leurs voitures et de tout leur argent quand ils n'ont pas, de surcroît, été gravement blessés par des armes blanches : «Il faut faire très attention, surtout la nuit, prévient un chauffeur de taxi. Il faut être accompagné, redoubler de vigilance aux feux rouges ou aux stops, ne jamais laisser les vitres baissées et ne pas s'aventurer dans certains quartiers.» Même si lui-même affirme n'avoir jamais été agressé, il dit connaître beaucoup de chauffeurs de taxi qui ont été attaqués, délestés de leur argent et physiquement battus : «Mais depuis quelques années, la mode est carrément au vol de voitures. Les agresseurs ne se contentent plus de la recette, ils visent rien de moins que le véhicule qu'ils vendent à des réseaux spécialisés.» Depuis plusieurs années, la criminalité a ainsi connu une regain important qui a hissé Oran au sommet du classement des wilayas les plus touchées.