Le mariage du prince William et les répercussions du séisme au Japon ont fortement ralenti l'économie britannique au printemps, ont montré mardi des statistiques officielles, confortant les appels à un relâchement du plan d'austérité drastique imposé par le gouvernement. Le Produit intérieur brut (PIB) a enregistré une croissance de 0,2% seulement au deuxième trimestre par rapport au précédent, et progressé de 0,7% sur un an, a précisé l'Office des statistiques nationales (ONS). Ces chiffres sont conformes aux attentes des économistes, qui tablaient dans l'ensemble sur une croissance de 0,1% ou 0,2% sur le trimestre. Cette maigre performance fait suite à une stagnation sur les deux précédents trimestres : le PIB s'était replié de 0,5% fin 2010, puis avait enregistré un rebond de même ampleur début 2011. Le fort ralentissement de l'économie par rapport au début de l'année s'explique cependant en grande partie par des facteurs exceptionnels, qui ont réduit la croissance d'un demi-point. Autrement dit, elle aurait atteint 0,7% sans ces turbulences. Le plus gros impact est venu du mariage du prince William et de Kate Middleton fin avril. Malgré la liesse et la ferveur populaires, les retombées touristiques et les recettes commerciales (comme les achats d'objets-souvenirs et de cotillons) n'ont pas suffi à compenser la perte d'activité liée au jour férié décrété pour l'occasion. De plus, certains secteurs, notamment dans l'industrie, ont souffert des répercussions du séisme au Japon, qui a perturbé les chaînes d'approvisionnement de nombreuses entreprises. Même en écartant ces facteurs, et bien que l'économie ait échappé à la contraction prédite par les experts les plus pessimistes, certains économistes ont souligné que les perspectives économiques restaient moroses, la consommation étant bridée par une inflation élevée et la cure d'austérité gouvernementale.«La demande intérieure est plombée par les coupes budgétaires et la baisse des salaires en termes réels, ce que les exportations et l'investissement ne suffisent pas à compenser», a commenté Andrew Smith, chef économiste du cabinet d'audit KPMG. «Les indicateurs avancés pour le troisième trimestre ne sont pas très prometteurs, alors que les coupes budgétaires prennent de l'ampleur», a abondé Vicky Redwood, du cabinet Capital Economics, qui table toujours sur une croissance de 1% seulement sur l'ensemble de l'année. Cependant, le gouvernement a rejeté catégoriquement l'idée d'infléchir sa politique d'austérité, qu'il a mise en oeuvre progressivement depuis l'an dernier. «La bonne nouvelle, c'est que l'économie britannique continue à croître et créer des emplois», a affirmé le ministre des Finances George Osborne, ajoutant que le plan d'austérité protégeait le pays d'une crise comme celle qui secoue la zone euro. Ce plan de rigueur, le plus sévère mis en place dans les grands pays développés depuis la crise financière, vise à éliminer le déficit public d'ici 2015, au prix de coupes sombres dans les dépenses publiques, conjuguées à des hausses d'impôts et à la suppression de plus de 300.000 postes.Ces chiffres ont par ailleurs accentué la pression sur la Banque d'Angleterre pour qu'elle réactive son programme dit «d'assouplissement quantitatif», mis en place en 2009 pour soutenir une économie alors en profonde récession. Il consiste à racheter des actifs aux banques, dans l'espoir de relancer la pompe du crédit.Les derniers chiffres «vont probablement intensifier le débat au sein du comité de politique monétaire sur la nécessité de relancer» ces mesures de soutien, a souligné Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. F. P.