L'économie allemande a enregistré une forte reprise en 2010, son produit intérieur brut (PIB) ayant augmenté de 3,6%, ce qui correspond au taux de croissance le plus élevé depuis la réunification du pays en 1990, selon les statistiques officielles rendues publiques mercredi. Le Bureau fédéral des statistiques a indiqué dans un rapport que l'économie allemande avait été dopée non seulement par la croissance du commerce extérieur, mais aussi par celle de la demande domestique. Frappée par la crise financière globale, l'économie allemande avait diminué de 4,7% suite à un ajustement des prix en 2009, ce qui avait constitué la plus grave récession dans le pays depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le chiffre pour 2010 est conforme aux anticipations des 22 économistes interrogés par Reuters. Selon l'Office fédéral de la statistique, le rebond a été le plus net lors des deux premiers trimestres de 2010. Pour le quatrième trimestre, la croissance est ressortie à 0,5%, pénalisée notamment par les intempéries hivernales. Dans le détail, les dépenses de consommation n'ont progressé que de 0,5%, alors qu'un certain nombre de pays de la zone euro espèrent une relance de la demande consommatrice allemande pour pouvoir écouler leurs produits. "La consommation reste encore relativement faible", note Gerd Hassel, de BHF Bank. "La consommation du secteur public a néanmoins beaucoup augmenté grâce aux programmes budgétaires de relance. L'investissement a beaucoup augmenté, de même que l'équipement. L'Allemagne est sur la bonne voie." Les dépenses d'équipement ont bondi de 9,4% et les autres investissements de 6,4%. Alors que les exportations de la première économie de la zone euro ont progressé de 14,2% sur l'année, les importations ont augmenté de 13,0%. Le déficit public s'est établi à 3,5% du PIB l'an dernier, un peu plus qu'attendu, contre 3% en 2009. "Il y a moins d'un an, le gouvernement allemand anticipait toujours un déficit 2010 de 5,5% du PIB. Les chiffres d'aujourd'hui illustrent bien l'importance de la croissance pour les finances publiques", note Carsten Brzeski, d'IGN. "Avec les mesures d'austérité annoncées et une forte croissance économique, le déficit devrait repasser sous la barre des 3% dès cette année", ajoute-t-il. Les économistes tablent en moyenne sur une croissance économique d'environ 2% en 2011 et s'attendent à voir la consommation décoller. "Après un possible contretemps à la fin de l'année dernière en raison d'un hiver rigoureux, l'économie devrait reprendre de l'allant au premier semestre de cette année", juge Carsten Brzeski. "Nous tablons sur une hausse de 2% des dépenses des consommateurs", indique Andreas Rees, analyste chez Unicredit. "Au premier trimestre, l'économie devrait enfin retrouver ses niveaux de production d'avant la crise et en avoir surmonté toutes les conséquences." Selon un conseiller économique du gouvernement allemand, la consommation intérieure plus robuste pourrait permettre à l'Allemagne de continuer à croître dans les années à venir malgré la rigueur budgétaire et le tassement des exportations. "Le scénario le plus probable est un taux de croissance stable. Nous pouvons être optimistes étant donné que la demande intérieure va en s'améliorant", commente Christoph Schmidt, président de l'institut économique RWI et membre d'un groupe d'économistes qui conseille la chancelière Angela Merkel. La reprise a fortement profité aux entreprises allemandes. Des 30 entreprises qui composent le DAX, indice phare de la Bourse de Francfort, 22 ont dépassé les attentes en publiant leurs résultats du trimestre s'achevant au 30 septembre dernier. Quinze ont relevé leurs objectifs et six autres les ont laissés inchangés. Siemens a déclaré lundi que son bénéfice et son chiffre d'affaires pour le premier trimestre de son exercice, s'achevant fin décembre, seraient supérieurs à l'année précédente . Conséquence de cette reprise économique plus rapide que prévu, les nouveaux emprunts nets de l'Allemagne n'ont atteint que la moitié du montant attendu en 2010. Les nouveaux emprunts nets sont ressortis en-deçà de 45 milliards d'euros, a-t-on appris mercredi de sources au fait du dossier, bien loin des 80 milliards initialement prévus et même en dessous du montant de 48,4 milliards anticipé pour 2011.