Photo : Sahel Par Younès Djama Le festival musical et culturel de Djoua, dans la commune de Boukhelifa (w. de Béjaïa), a baissé rideau samedi dernier au terme de sept jours et six nuits de pur plaisir. Lors de la cérémonie de clôture, un gala en hommage au défunt chanteur kabyle Slimane Azem a été organisé. Ouvert le 16 juillet dernier, le festival organisé dans sa 3e édition sur les monts de Djoua qui surplombent le golfe de Bougie (Bgayet en berbère) – dont le festival a d'ailleurs tiré le nom – a vu passer sur la scène une pléiade d'artistes et de chanteurs nationaux et étrangers. Le chanteur kabyle Ali Amrane, interprète du célèbre titre A Khali Slimane, a eu l'honneur de donner le coup d'envoi des festivités. Rebecca Chaillot, pianiste concertiste, a fait sensation et a su accrocher le bruyant public, majoritairement composé de jeunes adolescents. Le groupe Ahellil a fait régner une atmosphère targuie sur la scène de Djoua. La soirée du lundi 18 juillet fut féerique. Trois groupes, venus d'Afrique (Madagascar), d'Europe (France) et d'Amérique du Sud (Cuba), ont carrément enflammé la scène à travers des airs endiablés qui ont mis en transe le public. L'interprète et musicien malgache Rajery Valiha, muni de son cithare-luth tubulaire en bambou, a été auteur d'une prestation plus qu'excellente, a fait vibrer la scène et fait remonter la poussière à travers des airs très rythmés. Le public, fort nombreux, était subjugué. Le groupe cubain Onda Cubana, conduit par le maestro Oliver Luis Martinez Alvarez, auteur, compositeur et interprète, a enflammé le public qui s'est bien régalé. Les cinq membres du groupe, dont deux femmes, ont interprété des chansons puisées dans leur répertoire, dont les thèmes s'inspirent des scènes du vécu quotidien. Ainsi, après avoir interprété Offre-moi une nuit d'amour, un air accompagné de la danse locale, dont le thème, comme son intitulé le suggère d'ailleurs, parle d'amour, les Onda Cubana ont ensuite enchaîné avec une autre chanson intitulée Cadeau d'adieu. Sur un air aussi rythmé comme seuls les Cubains en ont le secret, les artistes ont également interprété une chanson qui aborde le thème de la paysannerie et de la culture du café. Les déhanchements sensuels d'une des deux accompagnatrices du leader du groupe ont, carrément, enflammé la scène.Il faut dire que le public de Djoua a bien été servi durant cette soirée inoubliable. Le rythme et rien que le rythme. L'entrée en scène du groupe Dub Inc, dans le style reggae, a tenu toutes ses promesses. Conduits par un excellent interprète algérien originaire de Bougie, alias Hakim, ces artistes ont été les auteurs d'une prestation qui a enchanté leurs nombreux fans venus essentiellement de la capitale pour les voir en œuvre. A la fin du spectacle, les fans se sont carrément rués sur leurs «stars» qui pour leur arracher un autographe, une photo-souvenir ou tout simplement… des baguettes de la batterie. Les soirées suivantes ont vu se succéder sur la scène d'autres artistes étrangers et du crû, à l'instar d'Akli D., d'Akli Yahiatène, etc. Les rythmes gnawi et targui ont été honorablement représentés par Amazigh Kateb, le fils à son père, et d'autres groupes venus de Ouargla et de Béchar, entre autres. La fausse note de ce festival musical est venue de Cheb Khaled, attendu pour la soirée du 20 juillet, dont la défection a suscité des mécontents parmi les nombreux fans venus spécialement le voir se produire sur scène. Mise en valeur du patrimoine ancestral Durant le festival de Djoua, il n'a pas été seulement question de musique. Mais aussi de culture. Et plus précisément de réhabilitation du patrimoine. Dans ce cadre, des ateliers de réflexion sur la manière de réhabilitation du village multimillénaire de Djoua, situé un peu plus loin du lieu où s'est déroulé le festival musical. Et ce, en raison d'oppositions qu'ont rencontrées les organisateurs auprès des rares habitants qui peuplent encore ce hameau déserté par ses habitants en pleine guerre d'indépendance, plus exactement dès 1958. Les colons français ont trouvé en ce lieu un gisement inépuisable en divers minerais et en charbon qu'ils acheminaient vers l'Hexagone via le port de Béjaïa, situé en contrebas de la montagne. Pour revenir à la question de la réhabilitation, les organisateurs de Djoua ont fait appel à des architectes et urbanistes issus de différents horizons (Brésil, Argentine, Espagne, France, Italie, Sénégal et Côte d'Ivoire). Durant trois jours, ces architectes étrangers, en l'absence de leurs homologues algériens – un point qu'ils ont même regretté –, se sont attelés à un travail de réflexion en vue de sortir avec des propositions «réalistes» pour faire du village de Djoua, plus spécifiquement et plus généralement de la ville de Bougie, un pôle touristique attrayant. Surtout que cette région balnéaire regorge d'atouts et d'atours touristiques. Après une visite guidée à travers la ville de Béjaïa, les hôtes de la ville des Hammadites en ont fait le constat. Avec l'urgence de préserver ce qu'il y a à préserver et de réhabiliter ce qui a été endommagé. L'une des principales recommandations retenues par les spécialistes à l'issue de leurs ateliers a été d'encourager le tourisme de montagne. Mais pas seulement. Le tourisme balnéaire, atout majeur et non négligeable de la région, doit aussi aller de pair. Pour ce faire, les experts ont préconisé de faire relier la montagne au littoral à travers un téléphérique. De telle façon à ce que la montagne et le littoral bénéficient des flux des touristes.