Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi A peine une semaine bouclée en ce mois de Ramadhan, les différents services de contrôle affiliés à la Direction du commerce décèlent quelques irrégularités de vente. En fait, le mois sacré dans son contexte «culinaire» ne différera pas des autres en matière de pratiques commerciales, à l'exception de la chaleur. La balance entre le marché de gros et celui de détail demeure la perpétuelle équation insolvable. Les ménages se questionnent sur la grande marge séparant ces deux offres. Les marchands de gros affirment céder des produits à des prix raisonnables, ce qui ne devra pas être «cuisant» une fois les détaillants les proposent à la vente. Une justification récusée au niveau des souks où la majorité des marchands endossent aux grossistes les dinars en plus. Une situation qui laisse pour le moins perplexes les services compétents dont le rôle est de réguler la mercuriale selon les normes du commerce requises. Une seule échappatoire est alors émise dans la foulée : l'offre et la demande font que les prix carburent fort. «Le logiciel magique» apte à stabiliser les prix des fruits et légumes et des viandes ne serait pas encore fignolé. En dépit des multiples formules étatiques et avertissements lancés par le ministère envers les contrevenants, le marché oscille à sa guise, affectant du coup les bourses modestes. Cela devient une tradition, voire un tabou de vouloir stabiliser les prix en ce mois de jeûne et de rahma. Le dindon de la farce reste l'éternel consommateur. A Constantine, les surcoûts ont touché les fruits et légumes, mais aussi les viandes blanche et rouge dont la régulation reste entre les mains des bouchers et autres vendeurs occasionnels. Du côté de la Direction du commerce, la priorité est donnée à la disponibilité des produits. C'est la priorité initiale pour stopper tout éventuel élan destiné à la spéculation, indiquent les services de contrôle. Néanmoins, il faut admettre que pour les premiers jours, les ménages ont dû suer pour s'arracher le sachet de lait. Un manque en cet aliment complet qui a été vite pris en charge, selon les mêmes services. «Le lait est disponible en quantité suffisante», atteste-t-on. Par ailleurs, les boulangeries du centre-ville ont baissé rideau en ce mois d'août, et du coup les jeûneurs sont confrontés à la problématique du pain. Le recours aux mets traditionnels étant la seule alternative pour eux, d'autant que beaucoup de femmes se reconvertissent en boulangère maison. Temps durs obligent. Cependant, pour tenter d'apaiser la tension, l'Union générale des commerçants a été conviée par la DCP la semaine passée pour une entrevue sur la possibilité de persuader les boulangers en congé à reprendre du service pour mettre fin au calvaire des citoyens pénalisés par cette pause. Sur un autre chapitre, comme à l'accoutumée, les responsables locaux chargés de la régulation et du contrôle, en ce mois qui ouvre de multiples voies au commerce, mettent sur place 46 brigades dont la tâche est de veiller aux bonnes pratiques commerciales, notamment la qualité des produits exposés. Du moins un premier constat illustre quelques dépassements. Lors des deux premières journées du Ramadhan, sur 163 interventions il a été constaté 90 infractions et 4 propositions de fermeture. Pour ce qui est du contrôle de la qualité, la Direction du commerce fait état de 183 inspections à travers les 12 municipalités de la wilaya lors desquelles il a été relevé 51 infractions et 2 propositions de fermeture. Les aliments impropres à la consommation ont été saisis tels les yaourts et les viandes (320 kg), outre des produits variés d'une valeur de 37 000 DA. Des infractions non sans danger, en cette période de chaleur, sur la santé du consommateur. La DCP estime que le marché demeure plus ou moins stable. Une situation qui sera jaugée au fil des jours. «Les premiers jours ont été de tout temps affectés par la hausse des prix», affirme-t-on à la direction, ajoutant que l'on «veille au grain pour écarter toute tentative de fraude ou de surenchère sur les produits à la consommation». Une hirondelle ne fait pas le printemps. Autrement dit, le consommateur devra y mettre du sien pour ramener la mercuriale à la raison.