Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Encore une fois, la grille du Ramadhan proposée par l'ENTV n'a pas fait l'unanimité dans le milieu constantinois. Le rire, voire la bonne humeur, manque terriblement à l'écran ! Et par ricochet meubler son temps libre – notamment pour les aoûtiens – demeure une autre acrobatie à ajouter au casse-tête quotidien relatif à la mercuriale en ce mois de carême. Une situation qui pousse la majorité des jeûneurs à briguer des supports électroniques afin de teinter leur longue journée de jeûne, pas facile à surpasser sans s'occuper culturellement ou religieusement. Ainsi, en marge des maigres orientations vers les librairies, qui d'habitude tiennent leur congé annuel en ce mois mais étant ouvertes conjoncture oblige, la grande tendance est plutôt à mettre sur la balance des disquaires officiels et chez quelques revendeurs de DVD installés tranquillement à même le pavé. «Ce mois de Ramadhan coïncide en plein avec la période des vacances. On accomplit le rituel tout en se prélassant avec des jeux vidéo et autres films», assure un lycéen approché dans un commerce de multimédia. Il faut admettre qu'en dépit du riche programme concocté par la Direction de la culture et autres organisations locales, l'affiche n'attire pas pour autant la plupart des Constantinois qui optent chacun à sa manière pour se divertir. «Personnellement, ce qui me fait plaisir en été, ce sont des films d'aventure et de fiction, et comme on se trouve en plein Ramadhan, cela devient plus croustillant», dit un universitaire qui admet que la télévision a baissé d'un iota en matière de divertissements dès lors que les shows proposés intéressent peu d'audience. A vrai dire, ceux qui font recette en pareille période sont à chercher dans les marchés, selon un libraire qui passe ses journées à agencer et réorganiser ses rayons, faute de lectorat. «En été, généralement, les ventes baissent spectaculairement, notamment au mois d'août ,et avec l'arrivée du mois sacré, elles sont quasi nulles car peu de personnes bouquinent en cette période», a-t-il soutenu. La ville des Ponts se réveille timidement pour contenir au fil des heures une population toujours consommatrice jusqu'à la dernière minute avant le ftour. Une forte consommation malgré la baisse du pouvoir d'achat. Toutefois, la prière des taraouih passée, le brouhaha gagne la ville : qui se rue vers les cafés pour des parties de cartes, qui pour se débrouiller une chaise dans un cyber pour tenter une «heureuse» connexion… En fait, évoquer une domination culturelle accrue durant le mois de Ramadhan relève de l'utopie quand bien même les affiches foisonnent sur les murs de la cité. Le panorama est souvent prisé par les nostalgiques ou les revenants. Les citoyens s'éparpillent vers des salles de spectacles (TRC). En préambule, les premières soirées n'ont pas connu une affluence à la dimension des programmes. Des alibis sont d'ores et déjà émis pour calfeutrer les défections. Mais faudra-il se rendre à l'évidence : le public devient imprévisible, voire indifférent vis-à-vis de ce qui se répète depuis des années. Autrement dit, la détente en solo est en train de prendre de l'élan. «Un bon PC, des jeux variés et des films en vogue, je ne m'en passerai pas pour aucun spectacle», confie un jeune universitaire. Un avis pour le moins différent d'une jeune femme accro de la lecture légère – même si le ventre est vide en pleine journée : «la lecture c'est comme une drogue, on l'a dans le sang ou on ne l'a pas. Pour moi, que ce soit pendant le Ramadhan ou autre, le fait de lire un livre est une bonne détente.» Malheureusement, ce sentiment n'est pas le propre de toute la population au grand dam des libraires. Outre le fait souvent évoqué de la cherté du produit livresque, la lecture recule nettement au Ramadhan. A Constantine, au mois de jeûne, les bonnes recettes se concoctent chez le boucher, les marchands de légumes et les pâtissiers. Au plan de la rentabilité, pendant le Ramadhan, la culture (support éducatif et livres) régresse aux yeux de ceux qui l'ont adoptée durant les quatre saisons.