L'autorité de régulation des médias est une aberration dans son intitulé d'autant plus que selon les dispositions la concernant, elle régule plus les aspects économiques, commerciaux et financiers des entreprises de presse que la profession de journaliste. Cette autorité, composée de journalistes élus et de membres désignés, ne peut techniquement jouer le rôle défini dans la mouture. Car il s'agit là de missions dévolues à un organisme étatique tel que l'ARPT où peuvent siéger des éditeurs et non des journalistes. Si l'idée est de reproduire le Conseil supérieur de l'information, l'objectif est raté aussi bien dans l'appellation que dans la définition des prérogatives et de la composante. L'autre aberration est dans la commission qui sera sous l'autorité de l'ARM, chargée de délivrer les cartes nationales de presse aux journalistes. Autant la consécration de l'instance de l'éthique et de la déontologie dans une loi est une grande avancée, autant ne pas lui accorder les moyens de s'imposer parmi les journalistes est une erreur majeure. En premier lieu, la carte professionnelle de presse ne peut être délivrée que par une instance où ne siègent que des journalistes élus. En second lieu, le Conseil de l'ordre et les différents syndicats représentatifs des journalistes mettent sur pied une commission permanente qui reconnaît ses pairs, les radie et leur délivre la carte de presse. Enfin c'est le Conseil de l'ordre des journalistes qui veille au respect strict des règles d'éthique et de déontologie que définiront les journalistes eux-mêmes et qui seront onsignées dans une charte. Ce qui est incompréhensible, c'est ce chevauchement entre l'ARM et le ministère de la Communication que l'avant-projet de loi maintient dans l'organigramme du gouvernement. Ce qui est encore plus incompréhensible, c'est la disparition du Conseil supérieur de l'audiovisuel au moment de l'ouverture du champ alors qu'il a été institué lorsqu'il n'y avait que des médias lourds publics. Enfin, là où cet avant-projet de loi sème le doute sur tout l'arsenal législatif à venir et devant baliser les réformes promises par le président de la République, ce sont ces dispositions pénales qui replacent le journaliste sous l'épée de Damocles comme si ont été dans les années précédant la constitution de 1989. Au moment où Bouteflika dépénalise le délit de presse, le ministère propose un texte de loi pire que le précédent.