Photo : Riad Par Lyes Menacer Les yeux scintillant d'émotion, l'ancienne star du football national et batnéen Melaksou Hama n'a pas trouvé quoi dire jeudi soir lors de l'hommage que le quotidien La Tribune lui a rendu dans le cadre de sa Kheïma de solidarité qu'il a organisée à l'occasion du mois sacré de Ramadhan. Du haut de ses 70 ans, cet ancien stoppeur de l'équipe nationale et du Mouloudia sportif et populaire de Batna (MSPB) a vécu une soirée mémorable qui, outre l'hommage qui lui a été rendu, lui a permis de rencontrer ses anciens amis du sport roi, à l'exemple de Bahloul Seddik, l'ancien président du CRB qui avait partagé une partie de la soirée en sa compagnie. L'arrivée de Sid Ahmed Arab, ancien dirigeant de l'USMA, a ajouté davantage de convivialité à la soirée. Hama Melaksou était un sportif exceptionnel. De la natation au football, en passant par l'athlétisme, Hama s'est essayé à de nombreuses disciplines dans lesquelles il a aussi brillé. Sa carrière, il la doit au sport scolaire. «J'ai commencé dans le cadre du sport scolaire à l'âge de 14 ans». Ce natif des Aurès est devenu champion d'Algérie d'athlétisme senior, le 1er juillet 1959, alors qu'il évoluait toujours dans la catégorie junior.C'était au stade Tagarins, sur le site qui abrite actuellement l'hôtel El-Aurassi, sur les hauteurs de la capitale Alger. A l'âge de 17 ans, de la période allant de 1957 à 1962, Hama était imbattable au championnat d'Algérie de l'Est de plongée, tout en continuant à gagner des courses dans les 1 000, 1 500 et 5 000 m, aussi bien dans le cadre du championnat régional de l'Est que du championnat d'Algérie. Melaksou Hama n'était pas seulement un sportif de haut niveau, mais un militant convaincu de la cause nationale. Tout en jouant dans l'AS Batna (1957-1962), dans la division d'honneur de l'Est (championnat français amateur), Hama a créé en 1960, en compagnie de ses nombreux amis, le MSPB, «le MCA des Aurès à l'époque», dit-il. Dans la clandestinité, ils jouaient au foot, mais c'était beaucoup plus un acte de résistance contre le France coloniale, explique-t-il encore, rappelant que son père et son frère sont morts pour l'indépendance de l'Algérie. A l'âge de 23 ans, Melaksou Hama devient le plus jeune capitaine de l'équipe nationale. Les propositions affluaient de partout pour l'enrôler dans le championnat français. L'ancien entraîneur de Nîmes l'Algérien Kadir Firoud a vainement tenté de le convaincre à rejoindre son club mais Hama a refusé. «J'aimais trop mon club pour aller jouer ailleurs. Et puis, je ne pouvais pas quitter l'Algérie et laisser ma famille seule à Batna», explique-t-il son refus de se lancer dans une carrière internationale. Melaksou a fait le choix de rester avec le MSPB, assumant le rôle de joueur, d'entraîneur et d'encadreur du club. «A l'époque, on jouait pour les couleurs», ajoute-t-il, regrettant que le sport en général et le foot en particulier soient gangrénés par les affaires et l'argent sale. Sous la Kheïma, entre deux gorgées de café, Melaksou s'est rappelé toutes ces années passées au service du sport et des jeunes sportifs. Accompagné de son jeune fils qui s'est essayé aussi à toutes les disciplines avant de décider à se concentrer sur ses études, Melaksou Hama s'est dit très touché par cet hommage que La Tribune lui a rendu, «le premier de toute ma vie de sportif», a-t-il insisté. «Je m'attendais que ce soit la fédération de football qui allait se rappeler des anciennes gloires nationales. Mais l'initiative est venue d'un journal, ce qui me touche profondément et me laisse sans mot. Cette initiative va provoquer un grand boom dans le monde sportif et politique», a-t-il encore indiqué. Hama s'est en fait rappelé l'épisode du match de l'équipe nationale en Ethiopie. «J'étais blessé au genou mais le staff a insisté pour que je parte avec eux à Nairobi. A notre retour, la fédération du football m'a envoyé deux mises en demeure pour que je lui restitue le survêtement qu'ils m'ont donné à l'occasion de ce déplacement en Ethiopie. Déçu par un tel acte, j'ai décidé de mettre fin à ma carrière d'international et me consacrer entièrement à mon club à Batna», se souvient Hama. Après avoir cessé de jouer au football, Hama Melaksou s'engage dans la politique et devient en 1977 vice-président de l'APC de Batna. Cinq ans plus tard, il est élu député à l'Assemblée nationale. Il y restera jusqu'en 1987. Aujourd'hui, Hama Melaksou savoure sa retraite à Batna mais il pense toujours au sport. Durant toute la soirée du jeudi, il a insisté sur la nécessité de réaliser le maximum d'aires de jeux pour les enfants, surtout dans les nouvelles cités que l'Etat algérien est en train de construire à travers tout le pays. Mais l'urgence pour Hama est celle de la relance du sport scolaire, «la base de la formation de l'élite sportive de demain», explique-t-il. En plus de la formation de l'élite, le sport scolaire permet aussi de préparer l'enfant à être le citoyen de demain. «Former l'enfant à la discipline et au respect d'autrui», résume-t-il. Le message de Hama Melaksou sera-t-il entendu ? L. M. Hommage posthume à Mbarek Chenane, ancien joueur du CRB Un hommage particulier, à titre posthume, a été rendu jeudi soir à l'ancien joueur du CRB des années soixante, Mbarek Chenane, décédé le jour même à Belouizdad. Hama Melaksou a longuement témoigné des qualités humaines et footballistiques du défunt. «Mbarek était un excellent joueur mais un homme bien, respectueux et discipliné». Bahloul Seddik, l'ancien dirigeant du CRB, s'était aussi désolé de cette perte en en rappelant à son tour l'apport de Mbarek Chenane au CRB et au football national durant les années soixante. En 2009, Mbarek Chenane a été honoré par l'Amicale des anciens internationaux de football (AAIF), qui lui a attribué de façon symbolique la carte d'adhésion qui donne à son titulaire le droit d'accéder gratuitement aux compétitions nationales et internationales sur décision du président de la FAF.