Photo : Sahel Par Younès Djama A l'occasion de la célébration du double anniversaire du soulèvement du Constantinois le 20 août 1955, et la tenue du Congrès de la Soummam (20 août 1956), l'association «Michaâl Ech-Chahid» en partenariat avec le journal El Moudjahid, a organisé hier à Alger une table ronde pour commémorer cet évènement qui a changé le cours de la Révolution algérienne, déclenchée deux ans plutôt. Ayant été invité à apporter son témoignage en sa qualité d'un des délégués ayant pris part aux travaux du Congrès de la Soummam pendant 11 jours, Abdelhafid Amokrane a porté l'entière responsabilité à l'ancien président Ahmed Ben Bella d'avoir été derrière la défection de la délégation de l'extérieur (Aït Ahmed, Khider et Ben Bella) au Congrès de la Soummam à Ifri Ouzellaguen. «Tous les acteurs de la Révolution ont été avisés de la tenue du Congrès de la Soummam, y compris les membres de la délégation de l'extérieur. L'absence de cette dernière (aux travaux du Congrès, ndlr) incombe à Ben Bella», a asséné Abdelhafid Amokrane qui a été également ministre des Affaires religieuses au lendemain de l'Indépendance. «Aït Ahmed, Khider et Ben Bella n'ont jamais été empêchés de prendre part aux travaux du Congrès», a indiqué l'un des fondateurs avec le Colonel Amirouche de l'unique cellule du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) de Paris qui comprenait également Saïd Meddah, Youcef Mokrane, Tahar Si Bachir. Il a ajouté que les trois personnalités historiques se trouvaient en Suisse et s'apprêtaient à rentrer au pays. «On ignore les raisons qui les ont amenés à faire défection, peut-être qu'ils avaient peur ou alors avaient-ils d'autres desseins. Ce que l'histoire notera, cependant, est que les trois responsables étaient absents.» Plus grave encore, Ben Bella, chef de la délégation de l'extérieur et protégé des services secrets égyptiens, a fait preuve d'une attitude indigne envers l'un des héros de la Révolution, Ben M'hidi en l'occurrence, lorsque celui-ci s'était rendu au Caire (Egypte) à sa rencontre. «Ben Bella dont l'aura avait été amplifiée voire surdimensionnée par ‘‘Sawt Al Arab'', a manqué de respect à Ben M'hidi lorsque celui-ci l'a sollicité à propos des armes», a déclaré l'orateur. Les travaux du Congrès de la Soummam se sont déroulés dans une totale discrétion, les autorités coloniales n'y avaient vu que du vent. Les travaux ont duré 11 jours et chaque jour les participants aux ateliers changeaient d'endroit pour éviter qu'ils soient dénoncés. «Si Hmimi s'est chargé de la sécurisation des lieux où se tenaient les travaux du Congrès. Des sentinelles ont été installées sur les hauteurs des Ath Ouzellaguen», a souligné M. Amokrane qui a mis en exergue la portée politique de ce congrès dont la tenue a changé le cours de la Révolution. Il a également loué les mérites de celui qu'on surnomme l'architecte de la Révolution, Abane Ramdane, en soulignant que c'est grâce à lui que la Révolution s'est ouverte à la société. Le rôle de Larbi Ben M'hidi, qui a présidé les travaux (Abane faisait office de rapporteur), a aussi été mis en relief. «C'est la rencontre de ces deux génies que le Congrès a réussi», a noté M. Amokrane. S'agissant de l'attaque du Nord-Constantinois menée par Zighout Youcef, le conférencier a indiqué qu'elle se voulait une manière de desserrer l'étau sur les moudjahidine qui combattaient dans les Aurès N'memcha. A noter qu'une cérémonie de remise de cadeaux symboliques à des moudjahidine et moudjahidate a été organisée à la fin de la conférence..