La diplomatie algérienne ne sait plus quoi dire, ni quoi faire face aux dernières évolutions de la crise libyenne avec la mise de Tripoli sous le contrôle des rebelles. Obnubilée par le principe de la non-ingérence, l'Algérie officielle s'est refusée à toute déclaration tranchée dans un conflit qui l'engage malgré elle du fait des frontières qu'elle partage avec la Libye. La récente déclaration du porte-parole des Affaires étrangères ne fait qu'ajouter de l'ambigüité à la confusion. De l'illisibilité à l'opacité. M. Amar Belani, le porte parole du ministère des Affaires étrangères, a ainsi tenté, hier, de situer la position de l'Algérie dans la crise libyenne. Pour déclarer, dans une sorte de synthèse de communication, que l'Algérie a dès le début de la crise libyenne observé une «stricte neutralité». Même en s'efforçant à donner du poids à la «neutralité», qu'on a voulu qu'elle soit «stricte», on se demande cependant quel sens donner à une neutralité -stricte ou nonchalante- que pourrait observer un pays à l'égard d'un conflit qui touche un pays voisin. En partageant environ 1 000 kilomètres de frontières, l'Algérie n'a aucun autre argument à invoquer que le principe de la neutralité. Mais la diplomatie algérienne s'accroche à cette «stricte neutralité» pour justifier son refus «d'interférer, de quelque manière que ce soit, les affaires intérieures de ce pays voisin». M. Amar Belani ajoute que «l'Algérie a également réaffirmé son respect de la décision de chaque peuple découlant de sa souveraineté nationale». Le même responsable, par ailleurs, met en avant le fait que l'Algérie a déclaré, de la manière la plus officielle, qu'il s'agit d'«une affaire interne à la Libye, qui concerne au premier chef le peuple libyen tout en soulignant ses implications régionales en termes de stabilité et de sécurité». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a aussi évoqué la discipline dont a fait preuve l'Algérie vis-à-vis des résolutions onusiennes. Il dira à cet effet que «les autorités algériennes ont relevé toutefois des accusations répétées et inadmissibles mettant en cause le respect par l'Algérie des obligations découlant de la résolution S/RES/1970 (2011) du 26 février 2011 et de la résolution S/RES/1973 du 17 mars 2011 relatives à la Libye». Il souligne que «l'Algérie s'est conformée scrupuleusement et a appliqué, activement et de bonne foi, les résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011) du Conseil de sécurité imposant des sanctions à la Libye». Autre détail abordé par M. Belani : l'approvisionnement du marché libyen en produits alimentaires. Il fera savoir, à ce sujet, que «le gouvernement algérien a autorisé l'approvisionnement de l'ensemble du marché libyen en produits alimentaires et pharmaceutiques à travers des contrats commerciaux entre opérateurs algériens et libyens».Tôt dans la matinée d'hier, Alger a tenu à démentir l'information selon laquelle elle serait prête à reconnaître les rebelles libyens s'ils s'engagent à combattre l'Aqmi. M. Belani a indiqué à l'APS que «cette information est dénuée de tout fondement et ne représente pas la position et ne reflète pas les vues du gouvernement algérien sur les évènements récents intervenus en Libye.» A. Y.