Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Ramadhan, Aïd el Fitr et rentrée scolaire, un vrai «gouffre financier» pour les ménages qui n'arrivent plus à faire face à toutes ces dépenses en même temps. «C'est un vrai calvaire pour nous, nous confie un père de famille. A peine sorti du Ramadan qui nous aura ruinés, nous nous retrouvons face à l'Aïd avec toutes ses dépenses, ingrédients pour les sempiternels gâteaux, les vêtements neufs pour les enfants et puis, juste après, ce sera le coup de grâce avec la rentrée scolaire. C'est vraiment trop et je n'en peux plus !» En effet, rien qu'à voir les prix pratiqués dans les magasins et parfois même au niveau des étals dans la rue on est tout de suite découragé : le maigre salaire dont on dispose s'avère dérisoire et on rentre souvent bredouille et les bras ballants pour affronter le regard déçu des enfants.Au vu des prix pratiqués, pour un seul enfant entre 10 et 12 ans, il faut compter à peu près entre 6 000 et 7 000 DA et c'est tout juste, ce n'est pas la qualité mais c'est toujours quelque chose de neuf. Pour trois enfants entre 6 et 10/ans, il faut disposer d'au mois 16 à 18 000 DA pour acheter ce qu'il leur faut pour la fête. Dans la rue, dans les magasins, on se bouscule devant les étalages, on examine les produits, on arrête son choix puis on marchande. La plupart du temps, les vendeurs sont intraitables sur les prix, c'est à peine si on concède, non sans louer sa marchandise, une centaine de dinars. Autrement dit, rien.A perte de vue, sur les trottoirs, sur les places publiques, sur les capots de voitures ou encore accrochés sur les murs, un étalage de marchandises qui viennent d'un peu partout, de la Chine, de la Turquie mais aussi de Syrie et d'autres pays d'Asie. Les vendeurs qui sont légion attirent les clients en mettant en avant les prix et en vantant la qualité de leurs produits. Ce sont surtout les femmes qui s'occupent des achats, elles font presque tous les magasins à la recherche d'un pantalon, un pull, une robe, une paire de chaussures ou une chemise. Avec la somme qu'elles ont, elles essayent de se débrouiller pour satisfaire leurs enfants et répondre à leurs attentes. Mais, souvent, elles ne peuvent s'en sortir et se tournent vers le chef de famille qui doit, encore une fois, abdiquer et se débrouiller comme d'habitude pour sortir de «l'impasse». «J'en suis réduit à solliciter des copains ou à emprunter auprès de la famille pour faire face à ces dépenses cycliques auxquelles on ne peut se soustraire sous peine d'être au ban de la société. Vous savez, ce n'est pas facile d'aller voir quelqu'un et lui demander de vous prêter de l'argent surtout quand on est père de famille, c'est dégradant et réducteur, on se sent gêné mais on ne peut pas faire autrement», nous dit un retraité rencontré près d'un vendeur à la rue Ibn Khaldoun (ex-Gambetta).D'autres, ne pouvant tenir le coup, attendent jusqu'aux derniers jours espérant voir baisser les prix. Cette dernière semaine du mois de Ramadhan, c'est carrément la bousculade dans les rues et les magasins, un rush qui, contrairement, à ce qu'on attendait, a fait grimper les prix ; des hausses qui atteignent parfois les 50 à 60%. Ce qui a découragé les plus téméraires, alors on essaye d'acheter moins, un ou deux habits neufs, cela ne satisfait pas les enfants. «Ce n'est pas de gaieté de cœur qu'on fait cela mais on est obligé de le faire, nous confie une vieille femme. C'est malheureux mais c'est comme ça !» D'autres se rabattent sur la fripe, des vêtements d'occasion qui auront l'aspect du neuf après lavage et repassage, cela ne trompe personne mais ça fait l'affaire. Là encore, les prix ne sont pas vraiment abordables parce que les vendeurs vantent le vêtement du fait qu'il est griffé. Bref, on n'est toujours pas sortis du tunnel et la grande saignée continue puisque, dans quelques jours, ce sera la rentrée scolaire avec toutes les dépenses pour l'achat des tabliers et des fournitures.