L'Algérie a connu cette dernière décennie un changement de cap majeur dans sa politique économique à la faveur de l'appréciation des prix du pétrole et de la stabilisation relative du marché énergétique. L'amélioration des recettes financières du pays a permis une certaine aisance économique mais également le lancement d'un programme d'investissement public colossal. Deux objectifs lui ont été assignés : améliorer l'état des infrastructures de base et en construire de nouvelles, et d'autre part tirer vers le haut l'investissement privé.Mais le premier objectif, est atteint le deuxième est resté toujours à la traîne. L'investissement privé tarde en effet à venir et ce constat a d'ailleurs été confirmé par la Banque d'Algérie dans son dernier rapport économique et monétaire de 2010. Dans ce même rapport, il est précisé que l'investissement public, dont la faiblesse a contrarié la croissance économique durant les années 1990, a émergé comme une priorité durant cette dernière décennie. Les chiffres disponibles confirment cette tendance haussière. Le rapport souligne qu'au cours de la période 2000-2010, l'investissement public a représenté 13% du PIB soit 8,2% en 2000 et 15,2% en 2010. Ce taux est considéré comme «le plus élevé parmi les pays émergents et les pays en développement, y compris les pays exportateurs de pétrole». Dans les pays d'Afrique subsaharienne, cet indicateur était de 8% entre 2004 et 2008, «un niveau jugé élevé» par les institutions internationales par rapport aux autres parties du monde et conforme aux stocks limités de capital physique. Cet effort a généré en fait une nette augmentation du taux de croissance hors hydrocarbures. Les données de la Banque d'Algérie établissent que l'investissement public a stimulé essentiellement les activités et la croissance dans les secteurs du BTPH, et ceux qui lui sont liés notamment les matériaux de construction, les mines et carrières, l'eau et l'énergie. Toutefois, cette augmentation de la dépense publique globale a eu un résultat, observent les experts de la Banque. «L'effet revenu de cette augmentation a eu plus d'impact sur la hausse des importations des biens et services et par conséquent, sur la croissance des services marchands où prédominent les activités de commerce et de transport domestique, que sur celle de l'offre domestique des biens», analyse la Banque d'Algérie.Bien que cette amélioration et ces créations en l'infrastructures soient nécessaires pour un développement économique rapide des secteurs marchands publics et privés, d'autres observations s'imposent. Et la plus importante a trait à la stimulation et à l'encouragement de l'investissement privé. «Si l'effet d'entraînement de l'investissement public sur l'investissement privé n'est toujours pas observé, à en juger par certaines expériences dans le monde, il est essentiel de mettre l'entreprise au centre des préoccupations des politiques publiques par l'amélioration des autres facteurs participant à la qualité de l'environnement global des investissements et de créer des conditions appropriées pour que les investissements privés dans les secteurs marchands (industrie, agriculture, services productifs) accompagnent et prennent le relais de l'investissement public de nature budgétaire», recommande le même rapport. S. B.