L'Algérie est l'un des pays les plus menacés par la désertification, d'autant plus que le Sahara occupe 90 % du territoire national. Près de 50 ans après l'Indépendance, très peu d'actions ont été entreprises jusqu'ici pour freiner l'avancée du désert. Surexploitation des terres due à une démographie galopante, surpâturage, usage inadéquat de l'eau en matière d'irrigation et déboisement ont conduit à la perte de végétation, l'aridité des terres, l'érosion éolienne et hydrique, la perte ou l'appauvrissement des ressources en terres, la baisse de la production et de la productivité alimentaire, à l'insécurité alimentaire et à la perte de la biodiversité. Des conséquences inévitables d'autant que les gouvernements successifs ont montré peu d'engagement. Ni par des opérations concrètes qui auraient pu faire barrage à la détérioration des terres et à l'avancée du désert, ni par des mesures limitant les méfaits de la main de l'homme. Ce n'est pas uniquement l'œuvre du changement climatique, c'est aussi celle des populations dont la survie dépend des produits de la terre et qui, paradoxalement, ont dégradé cette terre en la sollicitant à outrance et sont en train de la dessécher en appauvrissant les ressources en eau par de mauvaises pratiques d'irrigation. Au niveau mondial, les différentes rencontres sur la lutte contre la désertification ne semblent avoir eu aucun impact sur ce phénomène qui continue de dévaster d'immenses régions sur la Planète, provoquant un désastre écologique et, surtout, la famine. La situation qui prévaut dans la Corne de l'Afrique en témoigne. Celle-ci n'affole pas pour autant le reste de l'humanité qui assiste sans réagir à la mort de milliers de personnes par jour. Ces rencontres aboutissent à chaque fois à la conclusion que tous les pays doivent conjuguer leurs actions en vue de freiner la désertification et limiter les dégâts. Mais concrètement, rien n'est entrepris dans ce sens par la communauté internationale qui semble se complaire dans le fait que c'est le continent africain qui est touché le plus et que c'est à celui-ci de lutter contre ce phénomène néfaste. Les dégâts ne sont pas pourtant moindres dans certains pays d'Europe, au nord de la Méditerranée et en Asie centrale. Ces pays finiront-ils par en être conscients et par savoir que c'est toute la Planète qui est menacée par une catastrophe naturelle ? Ils sont nombreux à considérer qu'ils ont beaucoup trop fait et qu'ils ont engagé beaucoup d'argent dans la lutte contre la désertification. Un autre rendez-vous est prévu cette semaine. Notre pays – qui préside depuis octobre 2009 le groupe Afrique au sein de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification et le Comité consultatif régional africain sur la lutte contre la désertification – abritera une rencontre internationale (les travaux débuteront en fait aujourd'hui) dont le but est d'adopter une position africaine commune mais aussi d'interpeller la communauté internationale pour un engagement plus fort. Selon le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M Rachid Benaïssa, qui est intervenu hier à la chaîne III, «ce que vit actuellement la Corne de l'Afrique avec la combinaison des effets de la sécheresse et de l'insécurité, demande une mobilisation forte de la communauté internationale». Ce rendez-vous – prélude à la 10e Conférence internationale qui aura lieu en octobre prochain en Corée du Sud – pourra-t-il éviter qu'on continue à prêcher dans le désert ? R. M.