Photo : M. Hacène Par Amel Bouakba Aïn Malha, près de Gué de Constantine, lundi 5 septembre. L'opération de relogement des habitants des chalets de Dergana, Réghaïa et Tribou (Bab Ezzouar) a débuté la veille, sur un air de contestation. Quelque 150 familles ont été relogées dans des habitations neuves. Mais les youyous et les cris de joie se sont mêlés au mécontentement. Les nouveaux logements n'ont apparemment pas fait l'unanimité. Sur place, les camions continuaient hier matin à déballer les cartons de déménagements et le mobilier. «Le wali d'Alger a menti», lâche amèrement une vieille mère, qui occupait un chalet à Dergana. «Lors de son intervention à la télévision, le wali a pourtant assuré qu'il n'y avait que des F3 et des F4, or sur place nous avons constaté que ce sont des F2 qui nous ont été attribués. C'est honteux ! C'est d'ailleurs en porte-à-faux avec les déclarations du président de la République qui avait affirmé qu'il ne voulait plus voir de F1 et de F2.» «Cela fait 60 ans que je vis à Alger et voilà ce à quoi j'ai droit, un minuscule F2 que 7 membres de la famille doivent partager. C'est inconcevable. Autant revenir au chalet, lui au moins il était beaucoup plus vaste», s'exclame-t-elle. D'ailleurs, on apprend que certains bénéficiaires des logements de Aïn Malha, insatisfaits de leurs nouvelles habitations, sont retournés à leurs anciens chalets qu'ils occupent depuis huit ans. Ils estiment que les chalets sont plus spacieux que les nouveaux appartements qui leur sont affectés. C'est le cas de deux autres familles issues des chalets de Dergana et de Réghaïa, qui ne cachent pas leur déception. «Franchement, je ne m'attendais pas à une telle frustration en découvrant l'appartement exigu. Comment voulez-vous caser 8 personnes dans ce F2. Nous n'avons même pas réussi à placer les meubles», lance, en colère, un des membres. «Et puis regardez toutes les malfaçons, les mauvaises finitions, les robinets cassés - d'ailleurs nous n'avons pas d'eau -, les fils électriques qui tombent…Tout est cassé. Non, honnêtement, ce n'est pas la joie.» Une voisine de palier est tout aussi désappointée. «C'est inacceptable. Nous sommes deux familles à devoir cohabiter dans ce F2», affirme-t-elle. «C'est la catastrophe, le wali d'Alger parle de F3 et de F4, il n'en est rien», rétorque d'un autre côté un membre d'une famille issue de Bab Ezzouar (Tribou), composée de 5 membres qui se dit consternée de découvrir le F2 qui leur a été attribué. D'ailleurs, les dimensions du logement ne peuvent même pas contenir les quelques meubles que possède la famille. Les familles rencontrées ayant bénéficié de F2 nous ont assuré que la distribution de logements n'a répondu à aucun critère logique. «Certaines familles peu nombreuses se sont vu octroyer des F3 alors que les familles nombreuses ont bénéficié de F2», nous dit-on. Les bénéficiaires mécontents n'ont pas manqué d'afficher leur désapprobation. Le bureau de l'OPGI installé au niveau de la cité de Aïn Malha n'a pas cessé depuis d'enregistrer un nombre important de réclamations et de recours. Mais sur place, les avis divergent. Alors que le mécontentement est au summum chez certains, c'est l'enthousiasme chez d'autres. A l'image de cette famille issue de Réghaïa qui a bénéficié d'un F3 et qui s'en réjouit. Pour sa part, un jeune père, qui occupait un chalet à Dergana, s'est vu accorder un F2 et se dit ravi. Selon lui, «les Algériens sont des éternels insatisfaits. Pour ma part, je ne peux que dire hamdoulah. Pour moi, c'est une nouvelle vie qui commence, sous un toit décent». Les 150 logements sis à Aïn Malha (Gué de Constantine) continuaient hier à accueillir les nouveaux locataires. Un peu plus haut, la cité des 720 logements OPGI, flambant neufs s'apprête à recevoir les habitants de Diar Echams. Selon une source au niveau de l'OPGI, l'opération de relogement de ces derniers débutera demain. Rappelons que les habitants de la cité de Diar Echams ont choisi l'émeute pour imposer la destination de leur choix. La wilaya d'Alger compte reloger 3 245 familles au niveau de plusieurs communes de la wilaya durant la période s'étalant du 5 au 9 septembre, et ce, conformément aux instructions du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, sur l'éradication de l'habitat précaire. Première du genre pour cette année, l'opération de relogement qui a débuté hier concernera 630 familles occupant des chalets et 1 997 autres résidant dans des immeubles précaires dans des quartiers populaires, en sus de 618 familles issues des bidonvilles. Ces bidonvilles justement qui ne cessent de pousser comme des champignons un peu partout et dont l'éradication a été rendue difficile par leur prolifération et par le fait que ce soit devenu un véritable commerce. D'ailleurs, les manifestations au niveau des bidonvilles pour réclamer des logements sont devenues de plus en plus fréquentes. C'est le cas pour les habitants des baraques situées près du marché de Aïn Malha qui menacent à leur tour d'occuper la rue pour exiger un relogement.