Photo : Riad Entretien réalisé par Youcef Salami Jean-Eric Aubert, expert à la Banque mondiale, est un habitué des conférences et des rencontres organisées à Alger. Il a participé à des workshops et à des réunions animés par le CNES, un organisme consultatif qui fait appel à des experts de la Banque mondiale pour approfondir le débat sur certains sujets. M. Aubert était présent au workshop organisé la semaine dernière à Alger sur l'économe fondée sur la connaissance. Dans l'entretien qui suit, il nous explique le pourquoi d'une EFC LA TRIBUNE : Que recouvre, selon vous, la notion d'économie fondée sur la connaissance ? Jean-Eric Aubert : Quatre principaux piliers fondent l'économie fondée sur la connaissance (EFC). Il s'agit des technologies de l'information et de la communication, de l'innovation, de l'éducation, du climat des affaires. C'est une vision plus large. Ces éléments, l'Algérie est en mesure de les développer, de les intégrer dans une stratégie globale, de les mettre en synergie. Votre pays a les capacités de mettre en pratique une politique qui touche à la connaissance et qui s'occupe des questions de gouvernance, d'emplois et de croissance. L'Algérie doit réfléchir à l'après-pétrole. Cette vision en rapport avec l'économie fondée sur le savoir, beaucoup de pays, y compris des pays pauvres, l'ont expérimentée et réussie. L'EFC, est-ce un modèle typique applicable à tous les pays ? Oui, tous les pays ont la possibilité de se doter d'instruments qui constituent le socle sur lequel repose l'économie fondée sur le savoir. Celle-ci n'est pas le propre des pays industrialisés. Et la société de l'information dans tout cela ? La société de l'information est portée par les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Je pense que l'Algérie a fait énormément de progrès dans ce domaine, comme le montre d'ailleurs l'exposé fait par le ministre de la Poste et des Technologies de l'information de la communication, à l'occasion du workshop organisé par le CNES. Quels sont, selon vous, les facteurs bloquants qui font que les choses n'évoluent pas comme on le veut en matière d'économie fondée sur le savoir en Algérie et dans beaucoup d'autres pays ? Il faut donner de la consistance au contenu des projets de développement de l'EFC, c'est très important. Les agents économiques, publics et privés confondus, doivent s'impliquer dans cette opération. Les entreprises sont appelées à promouvoir la recherche scientifique, en les faisant bénéficier de crédits, à se mettre en réseau. Les banques doivent également se mettre à contribution. Quelle est, en fait, la feuille de route pour une EFC en marche ? Je pense que, pour l'Algérie, la rente pétrolière doit faciliter des engagements, encourager les réformes, faire aboutir des projets dont fait partie l'EFC. Il faut mobiliser tout ce qui pousse vers des réformes, vers le changement, créer un plan d'envergure national autour des piliers qui font l'EFC. C'est la seule manière de développer le pays, et de manière durable. Cela a de la valeur. C'est un projet politique fort. Que peut apporter la Banque mondiale à la promotion d'une EFC en Algérie ? On y apporte conseils et expertise. On a fait beaucoup de choses avec le CNES et on continue à le faire. On a installé des groupes de réflexion qui se pencheront sur certaines problématiques. Il est vrai qu'on ne peut pas intervenir financièrement. Mais on peut aider à faire avancer les réformes.