Photo : Riad Par Hasna Yacoub L'appel à «la révolution algérienne» pour le 17 septembre, sur Facebook, n'a pas l'écho souhaité par ses initiateurs. Il n'a pas circulé comme une traînée de poudre. Contrairement, il faut le dire, à l'appel de la grève générale du 5 octobre 88 qui, sans le soutien des réseaux de communication d'Internet, avait fait le tour du pays bien avant son déclenchement. C'est là le premier constat qui est fait. Sur la page Facebook intitulée «La révolution algérienne du 17 septembre 2011», près de 2 000 personnes ont adhéré à l'appel, mais le nombre de commentaires contre le «début de la révolution algérienne» est encore plus important. Et les commentaires n'ont pas été de toute amabilité. Nombreux, pour ne pas dire la majorité, ont même été à la limite de la correction. Mais le plus important dans ces points de vues d'Algériens n'est pas le refus catégorique d'une révolution mais leur dénonciation d'un «complot» contre le pays. «(…) Ils ciblent notre pétrole. Posez-vous la question pourquoi ils ne veulent la démocratie que dans les pays du pétrole : l'Irak 11 % de la réserve mondiale, la Libye, l'un des plus importants gisements au monde… Posez- vous la question pourquoi ils ne sont pas intervenus en Tunisie et en Egypte. Que le 17 septembre soit le jour de l'union des Algériens. Ensemble pour une Algérie forte et puissante aux yeux de nos ennemis», a écrit un internaute. D'autres évoquent une stratégie des sionistes qui visent le remodelage de la région, ou encore celle des voisins de l'Algérie qui aspirent à sa déstabilisation. Certains vont même disserter sur le choix du 17 septembre en exposant les différents événements qui ont marqué cette date. Les internautes commencent par lier le 17 septembre, un samedi, au jour saint des juifs, avant de rappeler que le 17 septembre 1948 est la date de l'assassinat du Comte Folke Bernadotte, un médiateur entre les pays arabes et l'Etat d'Israël, nouvellement créé, ou encore que le 17 septembre 1978 est la date de la signature des accords de Camp David. Plein de ressources, les internautes, qui soutiennent que «l'Algérie saura mettre en échec toute tentative visant à la déstabiliser», ont contre-attaqué en créant des blogs : «Dites non à l'appel à sortir manifester le 17 septembre», ou encore «Tous contre le 17 septembre 2011». Sur Youtube, c'est également la guerre des internautes pour et ceux contre la révolte, des «vidéos» mises online expliquent les raisons d'un soulèvement populaire et d'autres appellent à la vigilance. L'animateur du mouvement Barakat souligne par exemple : «Tout porte à croire que cet appel est piloté par des parties qui ne veulent pas du bien à l'Algérie et qui veulent torpiller le mouvement réel de changement, sous ses différentes formes, qui agit et avance depuis le début de l'année 2011. C'est pourquoi, le mouvement Barakat exhorte les Algériennes et les Algériens à dire NON à cet appel et à n'y prendre part sous aucune forme». Sur le site Siwel, l'appel à la révolte est mis en exergue : «Ce qui se passe dans les pays arabes nous interpelle. Les Algériens ont décidé de faire tomber le régime à compter du 17 septembre. La chute du despote libyen Mouammar Kadhafi, soutenu par la junte militaire algérienne, doit nous encourager. Les rebelles libyens victorieux de Kadhafi font montre d'un soutien à une révolte populaire algérienne contre Bouteflika et les généraux», est-il précisé dans l'appel de la page facebook cité par Siwel. Deux autres sites font également l'apologie de cet appel dont l'un semble proche des islamistes et l'autre porte bizarrement la même appellation qu'un parti israélien (Beytouna). Le site de la chaîne Al Jazeera a, quant à lui, faut-il le rappeler, été bloqué par les jeunes internautes algériens. Début septembre, à 21 heures et en 4 minutes de temps, pas moins de 50 000 messages émanant de profils algériens ont critiqué âprement la page de la chaîne qatarie. Les prémices de cette dénonciation ont été lancées par une page Facebook intitulée «Dont touch my bled», «Akhtouna ya laârab» (ne touche pas mon pays, laissez-nous les Arabes) ou encore «Zenga, zenga. dar b'dar fi Al Jazeera nchaâlou nar» (rue par rue, maison par maison, nous brûlons Al Jazeera). Ainsi donc, l'Algérie et sa stabilité sont défendues par ses enfants, notamment les plus jeunes, qui font preuve d'une conscience et d'une maturité surprenantes et utilisent les moyens dont ils disposent, en l'occurrence l'outil internet, pour riposter aux attaques contre l'Algérie. Ce qui prouve encore une fois que les jeunes Algériens sont responsables et loin d'être dupes que seuls les intérêts font bouger l'Occident.