La stabilité relative du marché pétrolier est due, en partie, au recours par les Etats-Unis et ses partenaires de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), en juin dernier, à leurs réserves stratégiques pétrolières. Une action qui a permis, selon des experts, de contrecarrer les spéculateurs pétroliers en limitant le fort mouvement haussier des cours de brut du début 2011. Amy Jaffe, expert en politique énergétique de l'Université de Huston, juge que le recours aux réserves stratégiques «a complètement modifié la psychologie du marché pétrolier». Les spéculateurs «savent maintenant qu'ils ne peuvent pas parier sur la hausse des prix en toute impunité», poursuit-il. Ce recours qui «a bien fonctionné», fait craindre aux spéculateurs d'autres actions similaires que pourrait décider l'AIE en cas de nouvelle flambée des prix, estiment des experts. Pour rappel, ce dispositif avait été mis en place en réponse à la forte hausse des cours pétroliers qui avaient atteint les 127 dollars en avril dernier, induite par des mouvements de spéculation mais aussi par la perturbation de l'approvisionnement, suite au conflit en Libye. Les 28 pays membres de l'AIE ont puisé alors pour un volume de 60 millions de barils, dont plus de 30 millions de barils par les Etats-Unis. Les experts ajoutent à ce recours la conjoncture économique mondiale avec une reprise économique américaine fragile et atone, et une Europe qui fait face à de graves crises budgétaires et d'endettement, facteurs ayant participé au refroidissement des cours. Toutefois, les responsables américains craignent des effets néfastes après la consommation totale des 60 millions de barils libérés par l'AIE depuis juin dernier. Les dernières prévisions de Goldman Sachs prévoient même un baril à 130 dollars en 2012. Le ministère américain de l'Energie a indiqué aussi que sans les 30,6 millions de barils de réserves stratégiques américaines puisés, les stocks de brut des Etats-Unis auraient glissé en dessous de leur niveau moyen pour la première fois depuis fin 2008. Pour le moment, les prix du pétrole restent volatils. Ils se repliaient vendredi dernier en fin d'échanges européens, pâtissant de prises de bénéfices et d'incertitudes sur la crise des dettes souveraines en zone euro. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre, s'échangeait à 112,19 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, cédant 11 cents par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en octobre, abandonnait 1,71 dollar à 87,69 dollars. L'annonce, jeudi, d'une action coordonnée des grandes banques centrales avait quelque peu rassuré les investisseurs et alimenté une hausse euphorique des places boursières. La Banque centrale européenne (BCE), la Banque nationale suisse (BNS), la Banque d'Angleterre (BoE), la Banque du Japon (BoJ) et la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) avaient fait part de leur décision d'élargir l'approvisionnement des marchés en dollars, afin de soutenir un secteur bancaire européen dans la tourmente. Le répit aura cependant été de courte durée, sur un marché pétrolier toujours miné par les craintes d'un retour en récession des économies américaine et européenne, avivées par une salve d'indicateurs décevants publiés jeudi aux Etats-Unis. R. E.