De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Les travailleurs de l'entreprise «Les Moulins Seybouse» de Annaba sont passés à la vitesse supérieure hier en bloquant la circulation au niveau du rond point de Sidi Brahim. Ils étaient plus d'une cinquantaine à sortir au beau milieu de la rue - très fréquentée parce que se trouvant à l'entrée ouest de la ville - brandissant des banderoles avec des slogans hostiles au directeur. Ils demandent le départ pur et simple du premier responsable de cette unité auquel on reproche d'avoir injustement sanctionné des travailleurs et des cadres. «Il abuse de son pouvoir, nous a confié le secrétaire général de la section syndicale (UGTA ), il a suspendu de son poste le directeur commercial et sanctionné d'autres cadres ; la situation est intenable et ‘‘Les Moulins Seybouse'' ne tournent plus depuis près d'une semaine.» L e conflit qui oppose la direction à l'ensemble des travailleurs s'est aggravé suite au refus du directeur de signer le chèque devant payer l'approvisionnement en blé dur et blé tendre auprès de l'OAIC (voir notre édition du 7 septembre courant). Ayant épuisé les stocks depuis quelques jours, les moulins se sont arrêtés de tourner puisque l'OAIC refuse de livrer la matière première exigeant d'être payée pour les livraisons déjà effectuées. Cette situation a poussé les travailleurs à sortir dans la rue et manifester leur colère. Dans les dépôts et au niveau des détaillants, la semoule et la farine commencent à manquer et l'on sent déjà la pénurie arriver. Certains craignant le pire commencent à stocker chez eux ce produit stratégique de peur qu'il n'y ait rupture en ces temps d'incertitude. La manifestation qui a duré près d'une heure a sérieusement perturbé la circulation, des bouchons se sont formés sur des centaines de mètres et des automobilistes énervés ont dû prendre leur mal en patience avant que les forces de sécurité n'interviennent pour rétablir l'ordre. Mais selon certains de nos interlocuteurs (des travailleurs manifestants), ce n'est que partie remise puisqu'ils comptent revenir encore et encore jusqu'à ce que le directeur soit démis de ses fonctions. Ce dernier à qui les travailleurs ont interdit l'accès est resté injoignable hier pendant tout l'après-midi.