Les prévisions économiques sont sombres pour le monde arabe. C'est le Fonds monétaire international (FMI) qui l'indique dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales. C'est surtout dans les pays touchés par les révoltes sociales depuis le début de l'année que les indicateurs ne sont guère rassurants. Ils renseignent sur le coup dur qu'ont pris les économies de ces pays en cette période de crise politique. Deux crises se conjuguent en effet aujourd'hui dans cette région, la première d'ordre politique et la seconde d'ordre économique. Cette conjugaison s'avère lourde de conséquences, notamment pour les pays importateurs de pétrole. A l'exception de la Libye, la Tunisie, l'Egypte et la Syrie sont des pays fortement indépendants des importations en hydrocarbures. Parallèlement, l'activité économique y connaît un ralentissement. Les tensions sociales ont sensiblement réduit le flux des touristes dans ces pays où le tourisme reste la principale ressource financière. Autre point négatif à souligner, la crise économique qui secoue les Etats-Unis et la zone euro pousse les travailleurs émigrés à réduire les transferts d'argent vers leurs pays d'origine. Quid de l'Algérie ? Pour 2011 et 2012, les perspectives sont positives grâce à l'argent du pétrole. Et ce même si elles sont en baisse par rapport aux prévisions d'avril dernier.D'emblée, le rapport du FMI, concernant le cas Algérie, n'a rien d'exceptionnel par rapport aux précédents. Depuis quelques années, l'institution de Breton Woods distribue les bons points pour l'Algérie, qui devrait toutefois relever le défi du chômage et celui de la mise en place d'une économie productive. Si elle n'agit pas sur ces deux axes, son économie continuera à rester dépendante des hydrocarbures. L'instabilité qui secoue le monde arabe sur le plan économique et politique est en quelque sorte profitable à l'Algérie, qui a besoin, elle aussi, de mette en place les jalons du développement sans tergiversations ni atermoiements. Trop de temps perdu pour un pays dont les attentes sont importantes, notamment en ce qui concerne le développement local. Les distorsions sociales ont montré leurs effets que ce soit en Tunisie, en Syrie, en Libye en Egypte ou ailleurs dans le monde arabe, ou les populations ne se sont pas révoltées uniquement pour la démocratie mais aussi pour exiger le développement et le désenclavement. Ces revendications se sont également exprimées en Algérie. Les tensions sociales sont là. Les mouvements de contestations déclenchés ça et là pour exiger le règlement de certaines questions (eau, logements, chômage, électricité..) en sont une preuve. Mettre en place les conditions nécessaires pour assurer le développement local est l'un des principaux pas à franchir. Mais faudrait-il encore miser sur l'amélioration de la gouvernance au niveau local d'abord, donc sur la ressource humaine. Les compétences sont là et ne cherchent qu'à être valorisées.La concertation lancée par le Conseil national économique et social (Cnes) et les Assises sur le développement local, prévues en décembre prochain donneront-elles des résultats ou bien se contentera-t-on de recommandations théoriques comme c'est le cas à chaque réunion de ce type ? S. I.