Photo : Sahel Par Wafia Sifouane Invité à la 16e édition du Salon international du livre d'Alger, l'auteur, caricaturiste et éditeur camerounais Mballa Elanga Edmond VII a animé, samedi dernier, une rencontre autour de la littérature et l'édition en Afrique, un sujet fort intéressant qui a créé l'événement au sein du stand Esprit Panaf, situé au pavillon A 22. Responsable des Editions Tropiques, l'auteur évoque, lors de cette rencontre ayant attiré de nombreux visiteurs et passionnés de littérature du continent noir, le problème majeur auquel font face les éditeurs africains de nos jours, à savoir le manque de financements. «Un éditeur se doit d'abord d'être un acteur indépendant. Les subventions peuvent s'arrêter d'un jour à l'autre, sans oublier qu'elles peuvent conduire à l'autocensure ; c'est un véritable cercle vicieux dont on a du mal à sortir», déplore l'éditeur.Conscient de la problématique que pose cette situation, l'éditeur propose une solution qu'il estime applicable pour la simple raison qu'il l'a essayée. Ainsi, citant sa propre démarche, il dira qu'il faut «mener un véritable travail de fond. Jadis, en Afrique, il y avait très peu de promotion pour le livre, les journalistes y accordent un intérêt très faible, car, comme vous le savez, le Cameroun est plutôt connu pour le sport que pour la culture. Donc, pour nous faire connaître, nous avons organisé des ateliers d'animation dans les écoles. C'est un mécanisme très simple : il faut aller directement chez les lecteurs et créer le besoin chez les gens», affirme le conférencier. «Les éditeurs doivent faire jouer la carte de la créativité et penser à produire des collections intéressantes et cela, en vue d'attirer de plus en plus de lecteurs», ajoutera-t-il.Dans ce contexte, Edmond Mballa encourage aussi les éditeurs africains à multiplier les productions et à s'intéresser aux jeunes talents du continent. Aussi, l'éditeur lancera-t-il un appel à ses homologues, les encourageant à élargir leur marché et leur réseau de diffusion afin de permettre à un maximum de personnes d'accéder à la littérature.Appuyant sa démarche, qui incite à la créativité plutôt qu'à la dépendance budgétaire, le responsable des éditions Tropiques citera, à titre d'exemple, quelques ouvrages que sa maison a édités. «Nous avons édité récemment quelques collections autour de thèmes liés à notre société ; Il s'agit de recueils de nouvelles, élaborés autour de sujets comme l'enfance en Afrique ou encore la situation de la femme. Pour ce faire, nous avons choisi de réunir des auteurs connus et des jeunes talents émergents», dira-t-il. C'est ce qu'on appelle faire d'une pierre deux coups ! Le conférencier cite également le projet lancé récemment par une maison d'édition en Côte d'Ivoire. «Il y a une maison d'édition ivoirienne qui a lancé une collection de romans pour jeunes, semblable à la collection Arlequin, sauf que ces histoires sont 100% africaines et cela marche très bien !», affirme Edmond Mballa. Editeur passionné qui voue une grande attention à la nouvelle génération, il insistera sur le fait d'initier les enfants à la lecture, et cela dès leur jeune âge. Pour Edmond Mballa, «le potentiel lecteur est là, il faut juste le bousculer». Pour conclure, l'éditeur lancera un appel aux auteurs africains célèbres pour se faire rééditer dans leurs propres pays par des éditeurs locaux, et cela, afin de permettre à la jeunesse africaine d'accéder à des œuvres connues à des prix plus abordables.