Photo : Sahel Par Hassan Gherab Le Salon international du livre d'Alger (Sila) est incontestablement l'événement culturel de l'année. Les étudiants, aussi bien arabophones que francophones - c'est l'un des rares salons bilingues -, l'attendent parce qu'ils savent que c'est là qu'ils ont le plus de chance d'acquérir des ouvrages spécialisés dont ils ont besoin qui sont introuvables sur le marché national, et, avec un peu de veine, à des prix relativement abordables. Les parents attendent également le Sila pour les livres scolaires, parascolaires et éducatifs qui y ont toujours eu bonne place, avec un choix diversifié. Il y a aussi les lecteurs qui constituent le contingent le plus difficile à quantifier, mais dont on sait qu'il est cependant loin de peser dans la balance des ventes. Enfin, le Sila est un marché d'approvisionnement pour de nombreux libraires et vendeurs informels qui profitent des remises accordées, notamment sur les ouvrages religieux, pour acheter le maximum de livres qu'ils revendront par la suite au double du prix. Ce monde hétéroclite ne peut que faire le bonheur de la majorité des maisons d'éditions, algériennes comme étrangères, qui voient en ce salon un juteux marché pour bazarder les surstocks (des hirondelles et du pilon) et quelques nouveautés - que tout participant au Salon est obligé de présenter. Ces exposants représentent la quantité pour le Sila.Evidement, le Salon a aussi son ring de véritables professionnels du monde éditorial qui y viennent pour présenter des livres de bonne facture récemment édités et/ou des auteurs qui animeront des débats enrichissants. Ces professionnels sont la caution de qualité. À quelques rares détails, on retrouve ces caractéristiques dans la 16ème édition du Sila. On agrandit l'espace d'exposition pour pouvoir accueillir un nombre plus important d'exposants. Mais les maisons d'éditions ne respectent toujours pas le règlement intérieur du Sila, qui, pourtant, précise tous les droits et obligations de l'exposant, de manière à avoir, au final, des stands dignes d'un véritable salon du livre. Résultat : on a la quantité, mais la qualité ne suit pas toujours. Il y a toujours des exposants qui ne se donnent pas la peine de nettoyer leurs stands. Certains utilisent écrans et sonos pour faire de la publicité. D'autres pratiquent la vente en gros… alors que toutes ces pratiques sont clairement interdites par le règlement. Mais, le Sila 2011 draine toujours autant de visiteurs, avec les mêmes profils que ceux des éditions précédentes. Et ils sont nombreux à trouver leur bonheur dans les rayonnages des stands d'exposition ou les espaces de débats. Ainsi, le Sila s'efforce de contenter tout le monde en conciliant commercial et littéraire, louable initiative mais difficile pari, dont la réussite dépend surtout des organisateurs qui ont la responsabilité de faire appliquer à la lettre le règlement pour que le Sila devienne l'événement non seulement à l'échelle nationale, mais également continentale, et, pourquoi pas, internationale.