De notre envoyé spécial à Béjaïa Fodhil Belloul La 5ème édition des Journées du film documentaire de Béjaïa a débuté lundi dernier à la cinémathèque de la ville par la projection du documentaire de William Klein Le Festival Panafricain d'Alger. Un retour sur un événement mémorable marqué par le contexte du cinquantenaire des indépendances africaines et qui n'a pas manqué, près d'un demi-siècle après, de susciter un débat vif et enrichissant suite à la projection du film. Mais les rencontres du film documentaire c'est aussi et surtout, des ateliers de formation professionnelle de trois jours qui se tiennent en marge des projections à la cinémathèque. Ainsi, la matinée du lundi dernier a été consacrée à la problématique de la création et gestion d'un ciné-club. Avec 32 stagiaires en provenance de tout le territoire algérien, cette matinée fut l'occasion pour les associations représentées d'un partage d'expériences et à la mise en place d'un réseau associatif dans l'objectif de la création d'une dynamique autour de la diffusion et la promotion du cinéma. Rappelons que l'association Cinéma et Mémoire, organisatrice des rencontres, a mis à la disposition de ces associations un fond de 800 films, proposant par ailleurs un suivi et une assistance technique et logistique sur l'année dont les modalités furent définies en partie à l'issue de cette journée d'atelier. En présence des deux formateurs, Geneviève Houssay et Yan Goupil, la journée a été placée sous le thème «Quel ciné-club ? Et pour quel public ?». Ce qui ressort des expériences partagées c'est d'abord, et c'est un signe des plus positifs, un volontarisme clairement affiché des stagiaires d'agir concrètement dans leurs villes respectives, certains, à l'instar du ciné-club de Constantine activent déjà depuis quelques années, d'autres comme les membres de la Ligue communale de Djanet en sont encore à leurs premiers balbutiements. Ensuite, et c'est une problématique unanime, l'animation d'un ciné-club pose d'abord la question du public, question aux aspects multiples : Le choix du public visé, en fonction d'un critère d'âge, pose la difficulté du choix des films à projeter. Nous avons constaté que pour toutes les associations représentées, c'est la concertation qui prime dans la sélection. En second lieu, la question du public est aussi celle de la promotion et la communication autour des activités. Promotion soumise à des difficultés d'ordre matériel, allant de l'affichage à la question de la régularité des rendez-vous cinématographiques. Ce dernier point, et les deux formateurs ont insisté dessus, est le meilleur gage de fidélisation du public. Il vaudrait mieux, et l'avis sera partagé, se contenter d'une séance par mois et s'y tenir, que d'ambitionner une plus grande fréquence et de risquer d'être inconstant. Pourtant, certaines expériences d'un rythme plus fréquent furent réalisées, à l'instar de l'association Gaya du village de Thimeslit qui réussit à organiser trois fois par semaines, un cycle de projections et de débats autour de l'Histoire du Cinéma. Autre point abordé lors de cette journée, la question de la langue. C'est-à-dire celle du sous-titrage, une question qui se fait plus pertinente lorsqu'il s'agit d'un jeune public. Ce dernier semble être franchement privilégié par les associations représentées. Et c'est, à ne pas s'y tromper, un signe d'une conscience aiguë que l'éducation à la l'image doit avant tout se faire à l'adresse des jeunes générations. C'est dans ce sillage que la nécessité d'une collaboration efficace et effective avec les établissements scolaires fut évoquée. Collaboration plus au moins laborieuse selon les régions, et surtout selon la superficie dans lesquelles activent les associations. Par exemple, l'association Thanalith de Tizi-Ouzou qui active dans les villages de la région admet connaître une certaine facilité et accueil favorable de la part des responsables d'établissement. La présence d'un seul ciné-club dans une région aussi vaste que Djanet a fait émerger dans les débats l'idée de ciné-clubs itinérants, idée soumise, et on le comprend bien, a des soucis de logistique qu'il faut assurer et mettre en place de manière concrète. Notons enfin que parmi les participants, il y avait aussi des associations dont la vocation première n'est pas la promotion du cinéma. Et les représentants de ces dernières admettent participer à cet atelier dans le but de sensibiliser par l'image leur public. A l'exemple d'une association de défense des droits de l'Homme de Tizi-Ouzou, du club de sport de montagne de Bouira et de l'association pour la défense de l'environnement et du patrimoine de Ghardaïa. Finalement, et même si ce ne furent que des pistes de réflexions, ces journées de formation ont la vertu de réunir dans un même endroit une variété d'acteurs associatifs dans un premier lieu, diversité qui garantit le partage le plus enrichissant. Ensuite, la création d'un réseau associatif est un gage de responsabilisation de tous les acteurs. On le voit bien, et c'est chose rassurante, il existe dans tout le pays des membres actifs et passionnés de la société civile, il suffisait juste de les réunir pour s'en rendre compte. C'est sans doute le principal objectif des organisateurs des rencontres du film documentaire de Béjaïa.