Les élections législatives de mai 2012 pointent du nez. Au niveau des APC, la révision des fichiers électoraux bat son plein. L'administration locale multiplie ses appels aux jeunes pour venir s'y inscrire. Filles et garçons sont courtisés pour les intéresser davantage aux affaires de la cité. Les communiqués placardés à l'occasion insistent sur l'importance de cette opération, et invitent les citoyens à exercer pleinement leur droit de vote. Implicitement, on insiste beaucoup sur la participation à ce scrutin. Faut-il rappeler que le peu d'empressement des électeurs au cours des précédentes consultations a négativement déteint sur la légitimité politique des Assemblées populaires. L'actuelle APN est, pour rappel, la moins bien élue de toute l'histoire du pays. Avec un maigre taux de participation qui a difficilement atteint les 35%, elle traîne depuis 2007 cette carence comme un boulet au pied. Manifestement déçues par les pratiques politiciennes, les populations ont préféré rester chez elles le jour du vote pour ne pas cautionner un système électoral ostentatoirement gangrené par l'argent. Cela explique l'exceptionnelle témérité déployée cette fois-ci par les collectivités locales pour corriger cette tendance absentéiste afin de réussir ce test décisif de mai prochain. Les habitués des courses électorales s'agitent aussi. Les députés en poste entament les manœuvres pour renouveler leur bail. Les vénérables membres de la Chambre basse du Parlement, qui jusque-là se sont presque fait oublier, saisissent désormais toutes les occasions pour se rappeler au bon souvenir des électeurs. On les trouve attablés dans les cafés populaires où ils se plaisent à commenter une actualité qu'ils ne comprennent pas suffisamment. L'air faussement débonnaire, nos valeureux représentants entretiennent, non sans ruse et petits calculs, une espèce de proximité cordiale avec le citoyen lambda. Aussi, ils émargent aux fêtes de mariage et aux obsèques pour se mêler à nouveau aux petites gens, et préparer, petit à petit, une bataille qui s'annonce rude. Les nouveaux prétendants à la députation, hommes d'affaires prospères et activistes qui se sont illustrés lors des grèves et autres mouvements de protestations populaires, montrent aussi leurs crocs. Alléchés par le train de vie princier offert aux députés et autres sénateurs, ils semblent aussi déterminés à réaliser leur «rêve» algérien. Cependant, cette fièvre préélectorale n'a pas encore affecté, du moins jusqu'à présent, les populations. Malgré toutes les réformes promises pour garantir la démocratisation réelle de la vie politique, le citoyen ordinaire semble distant dans l'attente de décisions concrètes. Les projets de loi, actuellement en examen au niveau du Parlement, portent justement sur le régime électoral, la loi sur les partis et l'adoption de nouvelles règles pour une meilleure représentation des franges sociales majoritaires comme les femmes ou les jeunes. Avant de se déterminer clairement, tout monde semble suspendu à la place qui sera définitivement accordée à toutes ces questions. La rue est également curieuse à propos des idées et des programmes qui lui seront soumis par les nouveaux partis politiques. Visiblement, l'intérêt de l'électorat dépendra de l'aboutissement de tous ces dossiers. Il s'agit en clair de redonner à l'acte politique sa noblesse et son éthique. La classe politique est, pour ainsi dire, sommée de prendre ses responsabilités pour barrer le chemin à l'opportunisme et au clientélisme qui ont toujours prévalu dans le choix des candidatures aux élections. Pour gagner les faveurs de la base en dépassant ses déceptions antérieures, il serait judicieux d'organiser des primaires irréprochables afin de présenter des candidats réellement crédibles et représentatifs. On doit absolument dépasser les marchandages et les viles manœuvres qui ont vidé les partis de leur raison d'être. K. A.