De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Le Parti socialiste français (avec le Parti radical de gauche) a réussi, dimanche dernier, au-delà de ses espérances, le premier tour des élections primaires en vue de dégager celle ou celui qui sera son candidat à la présidentielle de 2012 pour affronter Nicolas Sarkozy. Alors qu'il attendait autour d'un million de votants, ce sont plus de deux millions et demi d'électeurs qui ont pris part à cette forme inédite de démocratie citoyenne. Comme le présageaient les sondages, ce sont François Hollande, premier secrétaire du parti de 1997 à 2007, et celle qui lui a succédé à ce poste, Martine Aubry, qui sont arrivés en tête. Le premier avec 39% des voix, la seconde avec 31%. Ils se disputeront le leadership lors du second tour des primaires, dimanche prochain. Un écart de prime abord suffisant pour que Hollande se place favori de l'élection. Mais le deuxième tour relève d'une mathématique politique et idéologique qui laisse le résultat final indécis avec le report des voix des quatre autres prétendants éliminés par le suffrage.Parmi ceux-ci, deux candidats ont créé les surprises du scrutin. Un qui pavoise pour avoir déjoué les sondages en s'accréditant de 17% des voix. C'est le jeune et déjà ténor trouble-fête, le plus à gauche des six. C'est Arnaud Montebourg. Et une qui tombe de haut avec un résultat désastreux. C'est Ségolène Royal. Celle qui a réuni, en 2007, 17 millions de voix face à Sarkozy, totalement rejetée par les Français qui ont voté, c'est-à-dire les socialistes, leurs sympathisants et autres électeurs autorisés à voter à condition de signer une «charte de la gauche», afin de déjouer de possibles manœuvres des gens de droite pour fausser les résultats. Les deux autres candidats ont fait pâle figure. Manuel Valls, le plus à droite de la bande, avec moins de 6% et le radical de gauche, Jean-Michel Baylet, avec moins de 1%.Alors qui aura la chance et l'honneur de s'opposer à Sarkozy en avril prochain ? Un Sarkozy en baisse dans les sondages, devenu impopulaire auquel seuls une extraordinaire campagne électorale et des faux pas de la gauche permettraient de briguer avec succès un second mandat présidentiel. Si Manuel Valls a décidé, dès dimanche soir, d'appeler à voter Hollande, ce sont les ralliements de Royal et, surtout, de Montebourg, qui devait se prononcer hier soir, qui seront déterminants au second tour des primaires, encore faudrait-il que les électeurs suivent les consignes de vote.Avec les tendances qui se dégagent, la compétition entre Hollande et Aubry prend la forme d'un duel entre le candidat du réalisme et la candidate plus à gauche. Le premier se place en socialiste du rassemblement qui veut ratisser large, tout en ne promettant pas aux Français ce qui n'est pas, selon lui, réalisable, avec des propositions de rupture avec ce que fait la droite. Rupture, c'est aussi ce que propose Aubry qui accuse son concurrent de «molesse» personnelle et idéologique. «Face à une droite dure, il faut une gauche forte», martèle la fille de l'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors. Hollande et Aubry sont d'abord liés par un socle commun, le programme présidentiel du parti socialiste. Ce qui les différencie, ce sont les propositions complémentaires dans le domaine social, les mesures à prendre vis-à-vis des banques qui spéculent pour engranger plus de profits au lieu d'assumer leur rôle dans le financement de l'économie, la gestion de la dette publique, etc. Mais en tout état de cause, les six candidats se sont engagés, une fois le verdict final des primaires prononcé, de se ranger derrière le vainqueur pour mener avec lui la campagne présidentielle.