Photo : Riad De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar L'hygiène publique constitue plus que jamais un sérieux problème en Algérie. Toutes les villes du pays sont quotidiennement inondées d'ordures ménagères et de détritus divers. A l'incivisme ambiant, s'ajoute le laxisme des autorités. La collecte des déchets, leur traitement et leur évacuation posent d'innombrables difficultés aux communes qui en ont théoriquement la charge. Faute d'organigramme adéquat et de moyens conséquents, les éboueurs travaillent dans des conditions extrêmement difficiles. Le Bureau d'hygiène communal (BHC), chargé d'offrir aux équipes opérationnelles l'appui technique requis, est également inopérant faute de moyens et d'équipement.Placé directement sous l'autorité du président de l'APC, le BHC devait, en principe, préparer les instruments, actes et dossiers techniques requis pour l'action des organes de la commune dans le contrôle permanent de l'hygiène et de la salubrité publique. Mais l'inadéquation entre ses missions et les moyens mis à sa disposition ainsi que le manque de coordination et de collaboration avec d'autres services publics (santé, environnement, commerce…) limitent considérablement son champ d'intervention. Employant généralement des diplômés en sciences de la nature et de l'environnement, ces bureaux devraient effectuer régulièrement des sorties sur le terrain et mener des enquêtes quand des dépassements sont signalés. «Faute de véhicules de service, on ne fait que très rarement des visites dans les commerces pour veiller au respect de la chaîne alimentaire. Quand il nous arrive de proposer une solution à un problème quelconque, l'APC n'a souvent pas les moyens financiers nécessaires ou abandonne, suite aux oppositions diverses des citoyens», explique Laïd, employé dans une commune de la côte Est. «On a réalisé une fiche technique pour l'aménagement d'une décharge communale contrôlée. Le projet a eu l'aval des autorités ; mais l'opposition ferme des riverains s'est soldée par l'annulation pure et simple de l'initiative», ajoute notre interlocuteur. Conséquence : cette commune compte aujourd'hui une dizaine de décharges et de dépotoirs sauvages qui enlaidissent des sites naturels de première importance. Pour ces mêmes raisons, de nombreux Centres d'enfouissement technique (CET) et décharges intercommunales, projetés en 2004, attendent toujours leur concrétisation.A Béjaïa, Sidi Aïch, Akbou ou Khrerrata, la dégradation de l'hygiène publique et de l'environnement est visible partout. Les services de l'environnement ont recensé plus de 62 décharges sauvages et plus de 200 dépotoirs anarchiques d'ordures à travers la wilaya. Les forêts, les cours d'eau et le milieu urbain sont sales. Les BHC n'y peuvent rien. Il faut un plan d'urgence.