Pour les observateurs avertis (ou pour les simples profanes) de la scène footballistique nationale, il ne fait pas l'ombre d'un doute que la discipline «reine» est, depuis plusieurs années déjà, en chute libre. Pour ces analystes, et partant du postulat selon lequel l'équipe nationale d'un pays constitue la vitrine à travers laquelle la santé du football d'un quelconque pays peut être mesurée, on ne peut qu'affirmer, sans risque de se tromper, que les déboires de l'équipe nationale, dans les joutes continentales et mondiales, sont la preuve la plus édifiante du déclin de notre football. En effet, on ne peut que rester pantois en ayant à l'esprit le fait que l'équipe nationale de football ne s'est pas qualifiée à une phase finale de Coupe du monde depuis 22 ans, soit depuis sa participation à la Coupe du monde que le Mexique a abritée en 1986 ! Il semble bien loin le temps où l'aura de notre football était si grande que des équipes se bousculaient au portillon pour aspirer disputer une rencontre… amicale avec notre EN. D'aucuns, pour tenter d'expliquer le déclin de notre football, invoquent la conjoncture défavorable en matière de sécurité qu'a vécue notre pays au milieu des années 1990. Pour les tenants de cette thèse, le fait que notre football ne se soit pas frotté aux autres nations lui a porté un sérieux coup. Pour eux, le fait que l'Algérie était isolée sur le plan international a influé sur toute activité dans le pays, y compris le domaine lié au football. A cela, et en guise de réponse, nous dirons que, s'il est effectivement établi que la conjoncture sécuritaire n'a pas été sans conséquences négatives sur le niveau de notre football, il n'en demeure pas moins qu'elle ne constitue pas la seule raison pouvant expliquer cette hécatombe. En effet, des pays ayant souffert des affres de la guerre civile (le Liberia et, plus près de nous, l'Irak), s'ils ont été affectés par ce qui s'est passé n'en ont pas moins résisté, sachant pertinemment que l'équipe nationale d'un pays, au-delà du cadre sportif, peut jouer le rôle d'ambassadeur, réussissant là où les politiques échouent. Non, les causes du déclin de notre football sont à chercher ailleurs. Les entraîneurs ne sont pas la principale cause du déclin du sport algérien. Ces causes peuvent être résumées en l'environnement (de plus en plus électrique) des clubs ainsi qu'au facteur lié à l'encadrement des équipes, notamment tout ce qui a trait aux staffs techniques. Le commun des mortels aura remarqué la facilité déconcertante avec laquelle des présidents de club, souvent suite à la pression de leur galerie ou, tout simplement, sur un simple coup de tête, procèdent au changement de leur entraîneur. Des sommes faramineuses sont englouties sans que personne semble s'en soucier outre mesure. Il nous a été donné de voir que certaines équipes changent 3 à 4 fois d'entraîneur par année. On fait tout pour ramener un «grand» entraîneur ayant en sa possession un «CV» des plus impressionnants. Comment, dans ces conditions, le joueur peut-il assimiler les méthodes des uns et des autres, sachant qu'un certain temps lui est indispensable pour pouvoir s'adapter aux nouvelles données ? Certains présidents mettent le paquet, n'hésitant pas à recruter un entraîneur étranger. Ce dernier, souvent confronté au handicap de la langue, ne peut faire passer son message comme il se doit. C'est pour cette raison que souvent, pour ne pas dire toujours, l'entraîneur étranger est secondé dans sa tâche par un entraîneur national. Pour en revenir aux entraîneurs nationaux, il y a lieu de noter que, contrairement à certains présidents de club qui optent pour de grosses cylindrées, d'autres jettent leur dévolu sur de jeunes entraîneurs, à la carte de visite nettement moins étoffée. Ces derniers, travaillant souvent loin des feux de la rampe et sans aucune pression, réalisent de bons résultats. C'est le cas de l'ex-international et ex-joueur d'Auxerre, Moussa Saïb. Ce dernier, à la barre technique du club phare du Djurdjura, a réussi le pari de gagner, l'année dernière, le Championnat d'Algérie alors qu'au départ rares étaient ceux qui donnaient cher de la peau du club kabyle. Un autre inconnu dans le monde des entraîneurs a réussi, à force de persévérance et de pugnacité, à hisser le promu de l'Ouest, le MC Saïda en l'occurrence, à la 5ème place au cours de l'exercice précédent. Il s'agit de Hamouche dont les fans du club louent les mérites. Pour eux, le travail accompli par le coach de l'équipe s'apparente à un véritable exploit, d'autant que l'équipe n'a procédé au recrutement d'aucun joueur, entamant même une préparation tardive (par rapport aux autres équipes) en prévision de la compétition. Le même constat peut être fait s'agissant de Zemiti, l'ex-joueur nahdiste, reconverti en entraîneur du même club. Ce dernier sauva l'année dernière l'équipe d'une relégation certaine pour la grande joie des supporters des «Sang et Or». L'autre entraîneur ayant réalisé un résultat digne des grands est Boufenara, l'ex-coach du club phare de Aïn Fouara. Ce dernier, longtemps à l'ombre du temps de Rabah Saadane, a fini par étoffer son palmarès de jeune entraîneur par une Ligue arabe des champions. B. L.