Il est des innovations qui ont du mal à se faire une place dans la raison tant elles tiennent plus de la science-fiction que la réalité scientifique. Mais les avancées technologiques accomplies au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle et ce début du 21ème nous ont montré que la technologie, la biotechnologie, la nanotechnologie, la robotique… rattrapent souvent la science-fiction, quand elles ne la dépassent pas, repoussant ainsi toujours plus loin les limites de la science.C'est ainsi qu'après les fameux avions sans pilotes, les drones, qui sillonnent les airs et effectuent des frappes qu'on dit ciblées, voilà qu'arrivent aujourd'hui les robots terrestres et maritimes de combat, rapportent le Wall Street Journal cité par le site slate.fr. La guerre entièrement technologique et sans mort, pour les Etats-Unis, rêvée par les stratèges du Pentagone est en train de prendre forme et de devenir une réalité. Le symposium de l'Association internationale pour les robots et les drones (Auvsi), qui s'est tenu à Washington en est une démonstration. Le Wall Street Journal souligne l'évolution récente et rapide du «sérieux business» de la robotique, notamment celle à vocation militaire. Dans une sorte de cage, des mini-drones pesant quelques centaines de grammes sont en démonstration. Il y a aussi un bassin qui permet d'observer des robots aquatiques en action comme le Seaglider utilisé dans le golfe du Mexique pour surveiller l'évolution de la fuite de pétrole brut. Plus loin, un terrain aménagé «ressemblant à un skatepark» sert de parcours d'obstacles aux robots terrestres. L'auteur de l'article, le spécialiste des questions de défense Nathan Hodge, exprime son ressenti ainsi : «Lorsqu'on découvre l'œil électronique aux contours sombres du Modular advanced armed robotic system (Maars), il est difficile de ne pas penser à Skynet, cet ordinateur de fiction dans les films Terminator qui, une fois devenu conscient de sa propre existence, envoie une armée de robots exterminer l'espèce humaine.»Le Maars conçu par QinetiQ voit la nuit et dispose d'un lance-grenades multiple ainsi que d'un fusil mitrailleur d'un calibre de 7,62 mm. Cette machine peut «servir de garde à un check point, tenir les gens à distance grâce à une sirène de type police, utiliser un laser non-aveuglant, des gaz lacrymogènes ou des grenades fumigènes, et en dernier lieu, elle peut tirer à balles réelles». D'ores et déjà, de nombreux systèmes contrôlés à distance sont employés comme armes de guerre. Le drone Predator bombarde des insurgés au Pakistan ou au Yémen. Au Japon, des drones militaires surveillent la centrale nucléaire dévastée de Fukushima. Mais les chercheurs militaires s'intéressent de plus en plus à la robotique maritime, notamment pour la chasse aux mines. «Les systèmes terrestres et maritimes sont de plus en plus demandés», affirme la vice-présidente de l'Auvsi, Gretchen West. Joe Dyer, haut responsable chez iRobot, une société qui conçoit notamment des robots démineurs, imagine ainsi le futur : «Un navire qui doit s'approcher d'un pays ennemi pourra, avant d'arriver, lancer des robots pour gérer les menaces sous-marines. Il pourra aussi envoyer des embarcations robotisées chargées de débarquer des robots terrestres, ainsi que des drones pour la surveillance aérienne. Vous aurez donc une vue du champ de bataille sur 360 degrés.»Pour le moment, les robots ne représentent qu'une petite fraction des dépenses militaires, mais elle ne cesse d'augmenter. Selon les prévisions du Teal Group, une société de conseil dans l'aéronautique et la défense, les dépenses mondiales pour l'équipement robotique, actuellement situées autour de 6 milliards de dollars annuels, devraient atteindre «11,3 milliards de dollars à la fin de cette décennie».L'Auvsi cherche aussi à développer l'usage des drones et autres robots dans le monde civil. Selon FlightGlobal, à l'automne 2011, l'association va suivre de près le dossier de «l'autorisation des drones dans l'espace public par l'administration américaine de l'aviation», en espérant «faire rapidement évoluer les choses». Le futur est déjà là. Que nous réserve encore l'avenir, si l'homme n'a pas désintégré d'ici-là la planète ? R. C.