De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Visiter Constantine et sa région grâce à sa valise muséale est une activité qui a recouvré ses droits après deux années de statu quo. La cité millénaire avait fait l'impasse sur cette transmission de patrimoine, comme attesté par des sources officielles ; Elle devra relancer la socialisation de son «trésor» opulent à travers les diverses circonscriptions et autres wilayas, notamment en milieu scolaire, à la faveur d'une nouvelle feuille de route adoptée suite à un changement survenu il y a quelques mois à la tête de la direction. «Je pense que le musée reprend ses droits d'exercice, conformément aux missions qu'il est censé remplir», soutient une employée, fière d'avoir accéléré le processus de relance au sein de cette structure qui renferme diverses empreintes historiques et préhistoriques. Une action somme toute nouvelle, venait enrichir les initiatives entreprises auparavant par les associations amies du musée. Il s'agit d'inclure l'activité du patrimoine dans les programmes culturels. «C'est une option inédite jusqu'ici que de faire participer le musée aux semaines culturelles inter wilayas initiées par le ministère de la culture», reconnaît un cadre actif. Cette nouvelle stratégie a été rendue effective par la direction de la Culture qui dit vouloir garantir une bonne diffusion du patrimoine de Constantine. «Nous avons adopté cette mesure pour permettre à la population de découvrir la ville à travers diverses civilisations et ce, par le biais du musée national Cirta qui s'invite chez elle depuis 2010», souligne le responsable de la Culture de wilaya M. Foughali. Ce dernier, bien que n'ayant aucune responsabilité directe sur le mode de travail au sein de la galerie, estimera qu'un dénominateur commun associe les deux institutions pour «converger vers un seul but : celui de faire connaître davantage Constantine et toute sa région du grand public, qu'il soit national ou international ». Lorsqu'il s'agit de nouvelles découvertes, le musée et la direction de la Culture remplissent une fonction fusionnée qui sera avalisée par l'expertise de la tutelle.Néanmoins, le responsable déplore le fait que le patrimoine soit enserré uniquement dans un contexte officiel d'un mois alors que «la ville aura beaucoup à raconter de par ses acquis historiques». Ainsi, poursuivra-t-il, «les établissements scolaires devraient s'investir davantage pour inculquer aux élèves, dés leur plus jeune âge, la culture et le patrimoine de leur région et de toute l'Algérie. La direction de l'Education détient un rôle important à jouer là-dessus. Elle doit solliciter sans cesse l'institution muséale pour autant d'explorations et d'études». Une sollicitation qui semble pour le moins ir- réalisable car ne figurant pas dans les prérogatives de la tutelle de l'Education nationale. Comme pour l'enseignement artistique, le penchant vers ce genre de découvertes pourtant pièce incontournable dans le puzzle civilisationnel, demeure à l'état embryonnaire pour ne pas dire statique. Et pourtant, ce ne sont pas les bonnes volontés qui manquent pour réanimer l'activité au sein du musée et lui permettre de rayonner sur toute la région. L'enceinte regroupe actuellement des archéologues et des universitaires qui se penchent sur les recueils destinés à la recherche ; soit une ressource humaine non négligeable qui, si on la sollicite pour «une éventuelle» expédition hors des cloisons du musée apportera à coup sûr une dynamique à l'activité et surtout une approche pédagogique plus que bénéfique pour les populations intra ou extra muros.Dans ce registre, nous citerons l'association Les Amis du musée Cirta qui active depuis des années pour promouvoir les premières esquisses de la Ville du rocher à travers les siècles. Malgré les entraves qu'elle a connues ces deux dernières années, en raison d'une mal intention «administrative» qui a failli la délocaliser de son fief sis au musée, ladite association semble avoir repris sa sérénité pour continuer sans heurt la mission qu'elle s'est donnée : la préservation et la socialisation de tous les repères ayant marqué la cité millénaire. «Une hirondelle ne fait pas le printemps» car les subventions dont elle bénéficie contrairement à d'autres créneaux restant «stériles», sont dérisoires. C'est par-dessus tout le bénévolat qui caractérise l'ensemble des adhérents qui doivent compter sur leur poche pour activer. C'est déjà un acquis. Mais la wilaya qui a enfin bénéficié d'une direction du Tourisme après moult «passages à vide» dans ce secteur vital et intrinsèque au développement local, pourrait, selon les acteurs locaux, bénéficier d'un essor pour ranimer les activités ayant un lien direct avec la promotion touristique et le musée en fera partie. Pour preuve, lors de la célébration de la journée mondiale dédiée au secteur, le Musée Cirta a été convié à prendre part à une exposition au palais du bey. «Nous traçons un programme d'action en étroite collaboration avec la direction du Tourisme pour vulgariser davantage les travaux que l'on réalise», dira M. Bennacef président des Amis du musée. Riche de par la quantité d'objets ancestraux de valeur inestimable exposés en ses salles, et mettant en exergue sa richesse patrimoniale, le musée aura besoin d'un autre espace pour étaler tout son potentiel. «Beaucoup de pièces ne sont exposées faute d'espace» avoue t- on. Pour dire que Cirta aura besoin d'une annexe, voire d'un autre musée pour étaler tous ses trésors. S'agissant de l'expansion du patrimoine «matériel et immatériel» c'est un autre chantier que les cadres, gestionnaires et bien évidemment les associations doivent amorcer pour faire bouger Cirta tel un tapis volant…