Photo : S. Zoheir Par Karima Mokrani à peine si le calme commence à revenir dans le secteur de l'Education nationale que l'agitation fait son entrée dans celui de la santé et menace de s'y installer pendant une longue période. En effet, les praticiens spécialistes de la santé publique reviennent à la charge et mettent à exécution leur menace de reprendre la protestation. Ce ne sera pas une grève de trois jours ou d'une semaine, mais une grève nationale illimitée à partir du 25 octobre prochain. L'annonce en a été faite, hier, lors d'une conférence de presse tenue par le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) à son siège national sis à Hussein Dey (Alger). «Nous dénonçons la politique de fuite en avant du ministre de tutelle, Djamel Ould Abbès. Ce dernier n'a pas respecté son engagement de prendre en charge notre revendication portant sur la révision du statut particulier ni les autres revendications… Les praticiens spécialistes ont perdu patience. Nous n'avons pas d'autre choix que de reprendre notre mouvement de grève», a indiqué le président du syndicat, Dr Mohamed Yousfi. Et ce dernier d'interroger : «Le gouvernement a rouvert le dossier concernant le statut particulier des travailleurs de l'Education. Qu'est ce qu'il attend pour faire de même pour le nôtre ? Nous sommes pourtant les premiers à l'avoir déposé au niveau de la chefferie du gouvernement.» C'est une revendication qui date d'au moins deux ans, mais les choses traînent, fait remarquer Dr Yousfi. Conséquence : des milliers de médecins spécialistes, «pénalisés» par le statut actuel, quittent le secteur public, voire le pays, à la recherche d'autres horizons. «Au moins 2 000 praticiens spécialistes ont quitté le secteur public depuis juin dernier», rappelle le président du SNPSSP. Autre revendication, celle qui porte sur l'urgence d'apporter des correctifs dans le régime indemnitaire de façon à rendre justice à ce corps, en comparaison avec d'autres corps, à l'exemple des enseignants universitaires et des médecins hospitalo-universitaires. Un autre grief est retenu contre le ministère et concerne l'organisation du concours pour le passage du grade de praticien spécialiste assistant au grade de praticien spécialiste principal. Malgré les assurances du ministre, ce concours tarde à se faire et cela pénalise au moins 2 000 praticiens spécialistes qui attendent sa tenue désespérément. Dr Yousfi revient également sur le service civil, considéré comme une obligation contraignante par les médecins résidents : «Le ministre nous a promis l'installation d'une commission pour la mise en place de mesures incitatives qui vont permettre la suppression de ce service civil. Cette commission n'a pas été installée jusqu'à présent.» D'autres revendications du syndicat sont contenues dans un communiqué rendu public : «Un quota de logements de fonction et des facilités pour l'accès à d'autres formules de logement, mise en conformité de la prime d'intéressement avec les trois grades des praticiens spécialistes de santé publique, suppression de la discrimination contenue dans la loi de finances en matière d'imposition des primes et indemnités attribuées par le ministère de la Santé aux deux corps de praticiens spécialistes, promulgation rapide des décrets concernant les primes et indemnités communes aux différents corps de la santé sans discrimination de niveau entre les deux corps de spécialistes, application de la réglementation en matière de carte sanitaire garantissant la préservation des structures de santé publique afin de permettre la prise en charge des malades et l'évolution de carrière des praticiens spécialistes, respect de la réglementation en matière de fonctionnement des comités nationaux, et enfin, associer le SNPSSP à l'élaboration de la nouvelle loi sanitaire.» Par ailleurs, a tenu à souligner le représentant des praticiens spécialistes, «il y a toujours pénurie de médicaments et c'est très sérieux. De nombreux établissements de santé sont pénalisés et avec eux des malades qui voient leurs rendez-vous pour des interventions chirurgicales reportés à des dates éloignées. Nous dénonçons ce fait et nous interpellons les pouvoirs publics pour prendre les mesures nécessaires pour garantir à tous les malades l'accès aux soins et particulièrement les soins spécialisés».Pour rappel, 7 500 médecins spécialistes adhèrent au SNPSSP. Si le mot d'ordre de grève est maintenu, cela pourrait avoir des conséquences encore plus lourdes, notamment dans les établissements de l'intérieur du pays.