Photo : M. Hacène Par Smaïl Boughazi Le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA) a présenté, hier, deux rapports relatifs à la conjoncture économique et financière de 2010 et du premier semestre 2011 devant les députés. Cette présentation a été suivie des interventions et questions des représentants du peuple qui devraient se poursuivre aujourd'hui. La communication de Laksaci a été axée sur les indicateurs macroéconomiques du pays. Il a confirmé encore une fois la consolidation de la position financière extérieure de l'Algérie et la reprise de la croissance économique qui se sont confirmées en 2010 tout comme l'année en cours, confortant la résilience du pays face aux chocs externes. Mais, malgré les assurances du premier responsable de la Banque d'Algérie, il faut dire que de nombreuses questions ont été soulevées par les députés qui se sont interrogés, en premier lieu, sur les marchés parallèles de la devise qui pullulent un peu partout à travers le pays. Dans ce sens, un député du Parti des travailleurs a interpellé le patron de la banque des banques sur le retard pris dans l'ouverture des bureaux de changes, le manque de liquidités, la non disponibilité des billets de 2 000 DA, l'état des coupures de 200 DA et les paiements électroniques qui tardent à voir le jour. Le même député a estimé que «le bilan dressé par le gouverneur ressemble à celui de l'année dernière», allusion faite à la bonne santé financière du pays, cependant les principales questions n'ont pas été réglées, selon lui. Un autre député du FLN a interpellé le gouverneur de la BA sur les bureaux de changes, jugeant que les marchés parallèles de la devise ne font que ternir l'image du pays et c'est «un phénomène dangereux». Il préconisé ainsi l'ouverture de ces bureaux qui ne feront, à ses yeux, que redonner confiance aux investisseurs et permettront la création de nouveaux postes d'emploi, outre des entrées pour le Trésor public. Il a par ailleurs souhaité la révision à la hausse de l'allocation touristique, et l'intégration de la finance islamique dans le système bancaire. D'autres représentants n'ont pas mâché leurs mots sur ce plan affirmant que le train des réformes politiques actuelles devrait intégrer des réformes financières pour faire des banques un véritable moyen de développement à défaut d'avoir des «administrations financières». Par ailleurs, M. Laksaci a dressé, durant sa communication, un bilan exhaustif des indicateurs économiques du pays. Ainsi selon les documents présentés, la balance des paiements extérieurs courants a enregistré un excédent de 12,16 mds USD en 2010, soit 7,5% du PIB avec une progression des importations qui n'a pas dépassé 4%. Cette performance est surtout le fruit du redressement des prix moyens du baril de pétrole en 2010, qui est passé à 80,15 dollars contre 62,26 dollars en 2009, soit une hausse de 28,73%, ce qui a favorisé une progression de 26,4% des recettes d'exportation des hydrocarbures en 2010. Le compte capital, qui exprime notamment le net des flux des investissements directs étrangers, était excédentaire de 3,4 mds USD en 2010 contre 2,5 mds USD en 2009. La dette extérieure s'est, quant à elle, stabilisée à 3,679 mds USD et ne représentait plus que 2,27% du PIB de 2010. Le taux de change effectif du dinar est resté quasiment stable à son niveau d'équilibre à moyen terme. La part des paiements en euros s'est stabilisée à 46% contre 50% pour le dollar. S. B 23 missions de contrôle anti-blanchiment et 10 de contrôle intégral effectuées par la Banque d'Algérie Les inspecteurs de la Banque d'Algérie ont effectué en 2010 et durant le premier semestre de l'année en cours 23 missions de contrôle du dispositif anti-blanchiment auprès des banques et des services financiers d'Algérie Poste, en plus de 10 missions de contrôle intégral, a indiqué hier à Alger le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci. Les missions de contrôle intégral ont conduit à «l'élaboration de 5 rapports d'inspection transmis à la commission bancaire conformément aux procédures en vigueur», a-t-il fait savoir devant l'Assemblée populaire nationale (APN). «Trois missions particulières de contrôle de commerce extérieur ont été menées en 2010 et ont concerné les opérations réalisées par des entreprises à capitaux étrangers», a-t-il ajouté. Les missions de contrôle de commerce extérieur ont débouché dans certains cas sur «des procès-verbaux de constats d'infraction de change», a encore précisé M. Laksaci.