Hier à Ghaza, c'était jour de fête nationale. Des centaines de milliers de personnes ont suivi le trajet des prisonniers palestiniens relâchés à l'aube par Israël. À la faveur de l'accord d'échange entre le mouvement Hamas et l'Etat hébreu, 297 détenus palestiniens ont quitté leurs geôles israéliennes pour rejoindre la bande de Ghaza. Sur les 477 détenus remis en liberté dans le cadre de l'accord signé entre le Hamas et Israël, 297 sont rentrés à Ghaza par le terminal de Rafah, à la frontière avec l'Egypte. C'est à Rafah que les retrouvailles ont eu lieu avec les familles, acheminées en car par le Hamas. Des proches, dont certains n'avaient pas revu les leurs depuis plusieurs dizaines d'années, attendaient l'arrivée avec impatience. Cent trente prisonniers sont rentrés chez eux et ont retrouvé leurs maisons, tandis que les autres, originaires de Cisjordanie ou d'El Qods, sont expulsés vers Ghaza par Israël. Les détenus ont également été accueillis à la frontière par le premier ministre Ismaël Haniyeh. À l'extérieur du Terminal de Rafah, des milliers de personnes de toutes les factions palestiniennes, agitant les drapeaux du Hamas, du Fatah et du Djihad islamique, se sont pressées contre les grilles pour apercevoir les prisonniers, considérés comme des héros par tous les Ghazaouis. Les prisonniers sont très importants pour le peuple palestinien. Ils sont des combattants pour la liberté contre le colonisateur israélien. Pour canaliser la foule, le Hamas a posté des hommes des brigades Al Qassam sous le bruit de rafales de kalachnikov tirés en l'air. Le gain politique est patent pour le Hamas dans cette opération d'échange. Le mouvement crée par cheikh Yacine aura finalement obtenu par la résistance armée la libération historique de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens. La journée d'hier ayant été déclarée fériée pour l'occasion, les Palestiniens de Ghaza se sont rassemblées dans le centre de Ghaza City, noyée sous les drapeaux verts du Hamas. Un rassemblement populaire d'au moins 200 000 personnes à la gloire des prisonniers libérés. Le Hamas, grâce à qui la libération de 1027 prisonniers palestiniens est devenue réalité (477 aujourd'hui et 550 d'ici deux mois), a gagné en popularité auprès des Ghazaouis et de tous les palestiniens adeptes de la résistance à l'occupant comme moyen de lutte. Mahmoud Zahar, un des responsables du Hamas à Ghaza, n'hésitera pas à égratigner le Fatah et le président de l'Autorité palestinienne. «Là où Mahmoud Abbas a échoué à faire relâcher un seul membre du Hamas, nous avons fait libérer des Palestiniens de tous les partis, islamiques et nationaux». Plus de 6 000 Palestiniens croupissent encore dans les geôles israéliennes et attendent d'être libérés. R. I.