Près de 200 000 personnes étaient réunies dans la ville de Ghaza, hier, pour accueillir les premiers prisonniers palestiniens libérés en échange du soldat israélien Gilad Shalit. La foule était rassemblée sur la place de la Katiba, où s'est tenue la cérémonie officielle. Avec 1027 palestiniens libérés en échange de la liberté recouvrée pour le soldat israélien Gilad Shalit, le Hamas apparaît comme le grand vainqueur. Selon les spécialistes en la matière, le Hamas a cédé sur quelques noms, mais pas sur le chiffre des prisonniers réclamés depuis cinq ans. Dès le début, les responsables de Hamas avaient placé la barre très haut, pas moins de mille détenus en échange d'un Israélien. Ils s'y sont tenus. Et parmi les libérés figurent 27 femmes, c'est-à-dire la majorité des Palestiniennes prisonnières en Israël. «J'ai voulu créer la joie dans le cœur des mères palestiniennes», a affirmé hier Khaled Mechaal, le chef du Hamas en exil en Syrie. Hier, Moussa Abou Marzouk a soutenu également que l'accord pour la libération du soldat Shalit prévoit un assouplissement du blocus de Ghaza. Le numéro deux du Hamas a déclaré qu'Israël allait assouplir son blocus de Ghaza après l'échange de prisonniers survenu hier entre le mouvement palestinien Hamas et l'Etat hébreu, et a appelé à la libération de tous les Palestiniens encore détenus. «Israël doit réaliser qu'il doit libérer nos prisonniers restants. S'ils ne sont pas remis en liberté normalement, ils le seront par d'autres voies», a déclaré Moussa Abou Marzouk. Le responsable du Hamas s'exprimait dans la partie égyptienne de la ville de Rafah, à la frontière avec la bande de Ghaza, où il était présent pour l'échange entre le soldat israélien Gilad Shalit, détenu pendant plus de cinq ans par le Hamas, contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël. De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbès, cité par l'agence Wafa, a assuré devant les libérés et des milliers de personnes qu'un autre groupe de prisonniers sera libéré et a invité Israël à tenir parole. «Vous verrez les résultats de votre lutte dans l'Etat palestinien indépendant avec El Qods comme capitale», a dit Abbès en direction des libérés, en leur affirmant qu'ils étaient toujours «dans son cœur». Le président Abbès a également salué «la chère Egypte» pour les efforts consentis pour la libération des nos prisonniers ainsi que pour «la concrétisation de la réconciliation nationale». Pour sa part, Hassan Youcef, membre de la direction du mouvement de résistance Hamas, s'est aussi félicité de la libération mais a tenu à souligner que «nous sommes toujours inquiets puisque d'autres Palestiniens croupissent toujours dans les prisons de l'ennemi et que nous ne serons tranquilles qu'avec leur libération». M. Youcef a estimé que la venue de tant de monde pour accueillir les libérés n'est qu'une autre preuve de l'unité de notre peuple qui n'a d'ailleurs d'autres alternatives que l'unité nationale pour contrer le colonisateur». Sur les 477 prisonniers libérés, 133 seront autorisés à retourner chez eux dans la bande de Ghaza, 117 en Cisjordanie, 15 à Jérusalem-Est. En revanche, 204 Palestiniens seront bannis : 164 vers la bande de Ghaza et 40 vers l'étranger (Turquie, Qatar et Syrie). Selon la chaîne NTV, ce sont dix prisonniers qui devaient être acheminés par avion à Istanbul depuis l'Egypte. Enfin, sept Arabes israéliens rentreront dans leurs foyers et une Palestinienne de nationalité jordanienne sera envoyée à Amman. Selon l'accord signé sous médiation égyptienne entre Hamas et Israël, un second groupe de 550 détenus palestiniens doit être libéré dans les deux mois. Conformément à l'accord signé le 11 octobre par Israël et Hamas, 1027 détenus palestiniens devraient être relâchés. Le document prévoit la libération d'un premier groupe de 477 prisonniers, dont 315 condamnés à perpétuité, en échange de la libération du soldat, enlevé le 25 juin 2006 à la lisière de la bande de Ghaza. Le second groupe devrait être libéré deux mois plus tard. En revanche, quelques noms attendus par les Palestiniens ne figurent pas dans les termes de l'accord. Ni Ahmed Saadat, un des principaux chefs palestiniens en prison, ni Marwan Barghouti, figure de proue de la seconde Intifada en 2000, qu'Israël tient pour responsable de cinq assassinats, ne font partie de l'échange.