L'ex-Guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, a été tué, jeudi dernier, dans sa région natale Syrte, à 360 km à l'Est de Tripoli. L'information, qui a fait le tour de la planète instantanément, a, toutefois, laissé place à des doutes sur les circonstances de sa mort. A telle enseigne que le Haut commissariat de l'Onu aux droits de l'Homme a lancé un appel pour la mise en place d'une enquête pour élucider les circonstances, jugées «obscures», de cette mort. Et pour cause, Mouammar Kadhafi, 69 ans, a bel et bien été achevé, après sa capture, encore vivant, par les combattants du CNT. Il aurait succombé à de graves blessures, annonce-t-on, alors qu'en fin d'après-midi, en dépit du bombardement de son convoi, à l'aube, par des avions de l'OTAN, la chaîne Al Jazeera a diffusé des images de Kadhafi, gravement blessé mais toujours en vie. Cette mort violente de l'ancien leader, annoncée d'abord par un commandant du Conseil national de transition (CNT) et confirmée ensuite par le porte-parole officiel du CNT, basé à Benghazi (Est), répond, semble-t-il, à un choix délibéré certainement destiné, d'après les observateurs, à éviter un long procès qui aurait pu diviser la Libye et plonger dans l'embarras gouvernements étrangers et compagnies pétrolières occidentales. Une partie de la réponse n'a pas tardé à venir de son ennemi juré : la France. Ainsi, l'ex-leader Mouammar Kadhafi a été exécuté pour avoir refusé les «bonnes conditions» que les combattants libyens lui ont offert pour sa reddition, selon la déclaration, hier, du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, au lendemain de la mort de l'ancien Guide libyen. Outre la mort de Kadhafi, plusieurs de ses proches ont été soit capturés, soit tués. Selon un commandant du CNT, son fils Mouatassim a été tué en tentant de résister aux forces rebelles. Quant à Seïf al-Islam, l'ex-probable futur «successeur» de Kadhafi, il aurait tenté de fuir la ville de Syrte, mais son convoi aurait alors été encerclé et attaqué par les combattant du CNT, selon un de ses responsables militaires. Pour sa part, la télévision «Libye Libre», à Tripoli, a affirmé que «Mansour Daou (le chef des services de sécurité intérieure), et Abdallah Senoussi», le chef des renseignements libyens, avaient été aussi capturés à Syrte. Par ailleurs, Khalifa Haftar, un responsable militaire du CNT, a indiqué que Syrte, dernier bastion de l'ex-leader libyen, «a été totalement libérée». L'enterrement de l'ancien dirigeant libyen, qui devait avoir lieu hier, a été retardé pour permettre une enquête par la Cour pénale internationale, même si aucun lieu d'inhumation n'a été avancé pour recevoir la dépouille mortelle. Une nouvelle ère s'ouvre, donc, pour la Libye, enfin débarrassée de son ex-leader après 42 ans de règne sans partage sur ce pays. Des Libyens jubilent, en témoignent des scènes de joie. La communauté internationale, elle, a parlé de «la fin de la guerre en Libye», dès l'annonce de la mort de Mouammar Kadhafi. En Italie, pays qui a participé aux opérations de l'Otan en Libye aux côtés, notamment, de la France et de la Grande-Bretagne, le président Giorgio Napolitano, a estimé qu' «un chapitre dramatique est clos» en Libye après la mort du colonel Kadhafi, souhaitant «la reconstruction d'un nouveau pays, libre et uni». La France a évoqué «le début d'une ère nouvelle de démocratie, de liberté et de reconstruction du pays», après l'information sur la mort du dirigeant libyen déchu. Cela devrait permettre aux nouvelles autorités de former le gouvernement d'«union nationale», mais, va les placer aussi devant un avenir incertain. Avec la disparition de Mouammar Kadhafi, s'ouvre «la boîte de Pandore» des rivalités tribales, régionales et entre islamistes et modernistes, au sein du nouveau pouvoir en Libye. Autant de forces qui se sont engagées avec acharnement dans la lutte pour faire partir l'ancien leader, par les armes, huit mois durant, dont plus d'un mois de combats sanglants dans la ville de Syrte, à l'Est du pays, dont le dernier assaut a été fatal à Kadhafi. A. R. (Lire également pages 2, 3, 4, 5 et 6)