Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi Une telle opération d'identification de toutes les lignes GSM répond beaucoup plus à un besoin d'assainir un marché de téléphonie mobile devenu peu à peu enclin à une forme d'anarchie et échappant de jour en jour à une discipline de marché nécessaire à plus d'un titre. Que l'on en juge : en février 2008 l'ARPT estimait à cinq millions le nombre de lignes GSM non identifiées, soit près d'un cinquième du total des abonnés chez les trois opérateurs que sont Djezzy, Mobilis et Nedjma. Un rapport alarmant et auquel il fallait vite remédier. D'autant plus, on s'en souvient, que devant une telle situation des voix s'étaient élevées, dénonçant même le laxisme de l'instance de régulation qui serait derrière cette anarchie dans le marché pour ne pas avoir assumé entièrement sa mission d'instance de contrôle. D'un autre côté, on explique que le phénomène des cartes SIM non identifiées résulte du grand boom qu'a connu le secteur au lendemain de sa libéralisation. «On a voulu très vite rattraper le retard que nous accusions dans le domaine de la téléphonie mobile. Un tel empressement a ouvert les portes au circuit de l'informel au point qu'on pouvait acheter des puces en tout lieu et même sur la chaussée», nous a révélé un ex-cadre de l'ARPT qui a tenu à garder l'anonymat. Il est bon de rappeler au passage que nous sommes passés en moins de huit ans de 200 000 abonnés à 28 millions, un saut quantitatif rarement réalisé dans d'autres pays qui nous ont précédé dans l'usage de la technologie GSM. Cette frénésie constatée chez la population à vouloir posséder un téléphone portable s'est vite manifestée sur le terrain, en témoigne l'ouverture des milliers de points de vente d'appareils et d'accessoires dont nombre de leurs propriétaires n'ont pas cru utile de se conformer à la réglementation : celle d'exiger du client de remplir un document y transcrivant nom et adresse et de remettre une photocopie de sa pièce d'identité. En somme, une formalité qui est vite tombée dans l'oubli, volontairement ou non, va savoir ! Qui est responsable de ces ventes libres ? Les réseaux de distribution n'ont pas joué le jeu Les opérateurs n'ont eu de cesse de crier haut et fort qu'ils n'étaient fautifs, arguant par là que les acteurs du circuit de distribution ne jouaient parfois pas le jeu et faisaient fi des règles de vente de puce. Quant à savoir comment des cartes d'accès sont vendues sur la chaussée, une enquête sur le terrain a révélé que des distributeurs ont fait appel à des vendeurs ambulants pour écouler leur excédent de puces. En clair, devant les méventes de quantités importantes de puces qu'ils avaient espérer écouler au plus vite, histoire d'en tirer des bénéfices subséquents, les distributeurs se sont résignés à brader leur produit en faisant appel à des vendeurs à la sauvette qui foisonnent ici et là, notamment dans les souks urbains. En effet, n'a–t-on pas constaté des quantités de cartes à puce étalées à même à la chaussée et proposées à des prix défiant toute concurrence. Certes, après des mises en demeure de l'ARPT demandant aux opérateurs d'avoir l'œil sur le circuit de distribution et de leur signifier de prendre les mesures qui s'imposent pour éviter que les cartes à puce soient vendues sur la voie publique, il faut reconnaître que depuis le phénomène est de moins en moins visible mais il reste encore quelques distributeurs récalcitrants qui s'adonnent à une cette pratique d'user de la voie informelle. Cela dit, les trois opérateurs ont continué à mettre en garde les acteurs de leur réseau de distribution, leur imposant des quotas de cartes SIM, histoire de leur éviter le scénario cité plus haut. Assainir le marché par l'instauration de nouvelles règles de vente de cartes SIM Il y a lieu de rappeler que l'opération d'identification de toute puce en activité a été décidée en février dernier et a pris effet à partir d'avril 2008. L'ARPT avait lancé cette opération après avoir donné un délai aux opérateurs pour s'y préparer. Un délai qui d'ailleurs a été prolongé à plusieurs reprises avant de connaître la date butoir du 10 octobre prochain pour une désactivation définitive. «Tous les clients de cartes Sim acquises avant le 27 février 2008 sont tenus de se faire identifier avant le 10 octobre 2008. Alors que ceux des cartes SIM acquises après le 27 février sont tenus de se faire identifier dans un délai d'un mois», insistait Mme Zahra Derdouri, responsable de l'ARPT, le 14 juillet dernier à l'annonce des décisions prises par le conseil de cette institution fixant les orientations générales relatives au secteur de la poste et des télécommunications conformément à la loi 2000-03 du 5 août 2000. Depuis et selon les déclarations des responsables de la communication de Djezzy, de Mobilis et de Nedjma, des millions de puces ont pu être régularisées. De plus, les opérateurs, par injonction de l'instance de régulation, sont tenus désormais de n'accepter que les contrats émanant des espaces agréés par l'opérateur et sont tenus de présenter, tous les 15 jours, les éléments d'information suivants : la base de données, sous la forme électronique, de leurs clients mise à jour, comprenant nom et prénom, adresse et numéro de téléphone, en plus d'un point de situation sur l'état d'avancement de l'opération d'identification. Ces décisions prises après moult rencontres de négociations avec les opérateurs ne pouvaient que susciter leur approbation puisque, aujourd'hui, ils s'exécutent sans aucun problème ; En définitive, il est utile de souligner que l'opération en question ne consiste pas uniquement à identifier les puces, mais elle concerne aussi tout un ensemble de mesures à même de permettre une meilleure maîtrise du marché grâce à un contrôle rigoureux sur le terrain. Ainsi, de nouvelles règles de travail viennent d'être instaurées entre les opérateurs et leurs relais de distribution, ce qui va, d'une part, mettre de l'ordre dans le marché algérien de la téléphonie mobile et, d'autre part, atténuer quelque peu l'activité parallèle qui a fini par investir tous les secteurs et qui ne cesse de gangrener l'économie nationale.