Photo : Zoheir Par Badiaa Amarni Les installations industrielles de quelque nature qu'elles soient posent un problème de sécurité qu'il convient de prendre en considération. L'Algérie, à l'instar de beaucoup d'autres pays, a connu plusieurs drames dus aux incidents survenus dans différents pôles de production industriels. Aujourd'hui, la sécurité des installations se pose donc avec acuité et des mesures sont prises pour parer à d'éventuels nouveaux dégâts qui pourraient se produire à l'avenir. Le ministre de l'Energie et des Mines a souligné l'importance de prendre soin de cet aspect primordial si l'ont veut sauvegarder ces installations et, bien sûr, les vies humaines. Lors de son déplacement dans la wilaya de Skikda, Chakib Khelil, qui a eu à visiter le poste de commandement tactique, et après un long exposé qui lui a été fait sur le nouveau système de gestion des crises mis en place par le groupe Sonatrach, a insisté sur l'importance de protéger les installations et les équipements et de gérer la crise en temps réel. Il est impératif pour le premier responsable de ce secteur stratégique d'assurer une banque de données pour avoir le mouvement des personnes, de les localiser à tout moment et de savoir où elles se trouvent au niveau du site. «Il faut connaître tous ces détails. Peut-être que, pour les différentes autres unités, les choses ne sont pas trop compliquées mais quand il s'agit d'installations GNL [gaz naturel liquéfié], les gens sont appelés à se déplacer et ne sont pas toujours à leur poste», a expliqué le ministre. Ce dernier a donné instruction pour aller dans le sens du développement d'un système à même de retrouver les traces des personnels qui travaillent en dehors des bureaux. En somme, il s'agit, selon Chakib Khelil, d'«avoir une carte exacte pour savoir où se trouve exactement le personnel au moment de l'accident, c'est-à-dire le localiser». Toutes ces instructions du ministre reflètent une certaine volonté d'en finir ou, plus ou moins, de réduire les incidents ou d'en atténuer les conséquences. Aujourd'hui, et eu égard aux erreurs du passé, l'aspect sécurité est pris en charge d'une façon plus soutenue. Dans chaque projet, des mesures sont prises pour faire face à d'éventuels accidents. C'est d'ailleurs le cas du poste de commandement tactique de Skikda qui fonctionne sur trois niveaux selon l'intensité ou le volume des dégâts de l'incident survenu. La coordination des opérations se fait en étroite collaboration avec le centre de gestion central d'Alger qui a aussi pour mission l'organisation, le recueil et la diffusion des informations. L'alerte au poste de commandement de Skikda est vite déclenchée en cas d'incident survenu. Si ce dernier est maîtrisé, l'alerte prend fin aussitôt, mais si ce poste n'a pas les capacités suffisantes d'y faire face, il fait appel aux autres centres pour lui donner un coup de main, sinon le plan Orsec est déclenché sous la direction de la wilaya qui supervise les opérations et ce, jusqu'à la fin. Un système pour éviter l'infiltration d'hydrocarbures L'autre aspect de la sécurité inscrit comme priorité dans chaque installation industrielle est représenté par le cas de la station de dessalement de l'eau de mer de Skikda d'une capacité de 100 000 m3 par jour. Selon M. Chibane Hocine, chef de ce projet qui sera achevé dans deux ou trois mois, «nous sommes en train de réfléchir à un système pour protéger cette installation d'éventuelles infiltrations d'hydrocarbures». Car cette station de dessalement de l'eau de mer n'est pas loin d'un pipeline qui sert au chargement et au déchargement de bateaux d'une société américaine, nous apprend notre interlocuteur. «Si une fuite se produit au niveau de ce pipeline, la station de dessalement peut capter ces hydrocarbures», dira M. Chibane. Chose qui n'est pas sans conséquence sur la sécurité de cette installation qui a mobilisé de grands financements. La présence d'éventuels hydrocarbures «peut altérer et dégrader les membranes de cette station», nous fera encore savoir notre interlocuteur. Pour parer donc à ce risque et prévenir toute présence d'hydrocarbures, une réflexion est lancée afin de mettre en place un système permettant l'arrêt automatique de la station qui ne sera remise en fonction qu'une fois l'eau traitée et qu'on se sera assuré de l'absence d'hydrocarbures. «Cette démarche est beaucoup plus préventive», souligne M. Chibane. Ce dernier n'a pas manqué de signaler l'incendie déjà survenu sur site le 7 février dernier et qui a occasionné la perte d'un matériel très important. C'est d'ailleurs, dira M. Chibane, ce qui a causé du retard dans la livraison de cette station de dessalement. Concernant les raisons de cet incendie, notre interlocuteur dira qu'elles ne sont pas encore identifiées. Faut-il rappeler le drame survenu dans la wilaya de Skikda après l'explosion qui s'est produite au complexe de liquéfaction GNL suivie d'un incendie ? C'était le 19 janvier 2004 vers 18h40, une date que les Algériens et les populations de Skikda gardent en mémoire. Trois unités de liquéfaction sur les six que comporte le Complexe GL1/K ont été fortement endommagées et soumises à un feu intense. 23 décès ont été déplorés et 74 blessés ont été évacués vers l'hôpital de Skikda. Il faut rappeler que le plan d'assistance mutuelle entre les unités de la plate-forme pétrochimique sous la direction de l'Entreprise de gestion de la zone industrielle (EGZIK) prévu à cet effet a été immédiatement mis en branle pour contenir le sinistre et éviter sa propagation aux autres installations du complexe avec la mobilisation de l'ensemble des moyens humains et matériels de la plate-forme. Un plan Orsec a été aussi déclenché. Tous les responsables en charge du secteur se sont déplacés sur les lieux du drame, à leur tête le ministre de l'Energie.