Le symbole n'aura échappé à personne. Le premier acte du sommet européen de Bruxelles s'est déroulé à Berlin en début d'après-midi d'hier. La chancelière allemande, Angela Merkel, a recueilli une très large majorité, y compris dans ses propres rangs, après avoir tracé devant le Bundestag les grandes lignes du plan de stabilisation pour la zone euro, tel qu'envisagé par l'Allemagne. Quelque 503 députés, sur 596 suffrages exprimés, ont approuvé la «motion» déposée conjointement par la majorité gouvernementale et l'opposition. Les deux pages de ce texte ont fixé à Angela Markel ses marges de négociation, face à ses homologues européens : pas question de charger davantage la Banque centrale européenne, qui en fait déjà trop au goût de nombreux Allemands. Et pas question de débourser plus que les 211 milliards d'euros déjà promis par le pays. La chancelière s'est donc envolée pour Bruxelles dotée d'un mandat très clair, censé renforcer les positions défendues par Berlin.Elle a assuré aux députés que les solutions impliquant la BCE pour l'élargissement du Fonds européen de stabilité financière (Fesf) «ne sont plus sur la table» pour les négociations prévues dans la soirée. Un point clé pour Berlin, où le risque d'inflation est la ligne à ne pas franchir. C'est pourquoi le rachat d'obligations d'Etat sur le marché secondaire devrait être transféré de la BCE au Fesf. Les garanties en cours, s'élevant à 211 milliards d'euros pour l'Allemagne, ne seront pas augmentées, a encore ajouté Merkel. Les conclusions du sommet sur le Fesf seront ensuite de nouveau ratifiées par le Bundestag, a promis la chancelière. Nécessité de modifier les traités «Le chômage n'a pas été aussi bas depuis 20 ans» dans le pays, a expliqué Angela Merkel, en soulignant qu'elle travaillera à la mise en œuvre de «solutions viables» ce soir. Mais l'Allemagne ne pourra pas continuer à se porter bien si ses partenaires européens sont en difficulté. C'est pourquoi l'Europe doit devenir une «union de la stabilité». L'objectif est clair : «Eviter que la crise ne se propage à d'autres pays européens.»Concernant la Grèce, la chancelière affirme que le but est de «trouver une solution qui permette à la Grèce d'avoir un ratio dette/PIB de 120 % d'ici 2020». «C'est impossible sans que le secteur privé ne participe plus fortement que ce qui avait été décidé en juillet», a-t-elle expliqué. La décote devrait être comprise entre 50% et 60%, selon des sources parlementaires. «Le rapport de la troïka montre que la Grèce est au début d'un long et difficile chemin», a ajouté Merkel en plaidant pour l'envoi d'une mission permanente à Athènes, afin d'aider le pays à renouer avec la croissance. Pour Angela Merkel, la crise a démontré la nécessité de modifier les traités européens afin d'imposer une plus grande «culture de la stabilité» au sein de l'union économique et monétaire. Berlin souhaite notamment des sanctions renforcées, avec la possibilité de poursuites devant la cour européenne de justice, pour les pays violant les règles du pacte européen de stabilité. «Il faut réparer les imperfections de l'euro, maintenant ou jamais», a-t-elle martelé. P. S.-P. In lefigaro.fr