Photo : S. Zoheir Par Ali Boukhlef Le Mouvement de redressement du Front de libération nationale est sur un nuage. Après avoir «réussi» une conférence des cadres le 13 octobre dernier, la fronde menée par Salah Goudjil et Mohamed-Seghir Kara veut aller plus loin. Quitte à organiser un congrès extraordinaire ou encore aller devant les tribunaux.Lors d'une conférence de presse, animée hier au siège du Mouvement de redressement, situé à Draria, à l'ouest d'Alger, Salah Goudjil, coordinateur de la fronde, a estimé que l'autorisation obtenue par son mouvement pour l'organisation d'une rencontre publique n'a rien de politique. C'est le signe, selon lui, que les choses bougent dans le pays. «Nos adversaires disent que nous avons induit en erreur le ministère de l'Intérieur et l'administration. Ces gens-là ne savent pas que le pays n'est plus sous régime de l'Etat d'urgence», a rappelé Goudjil, qui renvoie ses détracteurs à une loi de 1989 qui donnerait droit à chaque citoyen d'organiser une manifestation publique.Chez les redresseurs du FLN, les apparences importent peu. Ils considèrent que leur parti traverse «la pire» des crises de son existence. Une crise de légitimité, selon leur porte-parole. L'équipe à Goudjil est tellement confiante de «représenter la base» qu'elle accepte d'aller plus loin. En justice par exemple. «J'ai lu dans la presse qu'il y a une volonté de nous ester en justice. Je le dis solennellement, nous sommes prêts, moi et Kara, à demander officiellement au bureau de l'Assemblée nationale la levée de notre immunité parlementaire pour permettre à la justice de nous juger en tant que simples citoyens», a défié Salah Goudjil. Pire, l'ancien ministre des Transports sous Chadli Bendjedid a renvoyé la balle dans l'autre camp. «Nous souhaitons qu'il y ait procès pour que nous puissions demander l'application des statuts du parti. Nous voulons que la justice tranche sur la légitimité du secrétaire général et des membres du Comité central», a-t-il dit. Salah Goudjil considère que Abdelaziz Belkhadem joue avec les symboles de la Révolution. «La direction actuelle compte organiser un rassemblement à l'occasion de l'anniversaire du 1er Novembre. C'est un meeting qui ne dit pas son nom, alors que nous sommes loin des élections. Puis, nous estimons que personne n'a le droit de politiser les symboles de la Révolution», a-t-il averti. Une fois les démarches de dialogue épuisées, Salah Goudjil n'exclut pas d'aller vers un congrès extraordinaire. «Nous allons vers un congrès extraordinaire pour redresser la situation du parti et en faire un parti moderne, tourné vers l'avenir», a indiqué le conférencier. Mais avant cela, il a demandé aux responsables du parti de prendre position. «Je dis aux différents responsables, ministres, députés ou sénateurs, qu'ils doivent désormais se déterminer. Ou ils choisissent de continuer à soutenir l'illégalité ou ils rejoignent les rangs des redresseurs», a-t-il lancé. Salah Goudjil accuse Belkhadem de se positionner en vue des prochaines présidentielles. «Le temps où le candidat du parti était désigné d'en haut est terminé. Tout le monde doit passer par les urnes», a clamé Goudjil qui rassure que «personnellement, je ne brigue aucun poste».La direction du FLN organise, ce samedi, un meeting populaire à la Coupole du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf, à Alger. La manifestation vise officiellement à célébrer le déclenchement de la guerre d'Indépendance.