Photo : Sahel Par Karima Mokrani Les résidents en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie reviennent sur le terrain de la contestation. Pas pour réclamer l'abrogation de l'obligation du service civil et autres revendications exprimées l'année dernière, mais pour dire leur colère d'être confrontés au quotidien au désarroi et au désespoir des malades en manque continu de médicaments vitaux. «Nous sommes là pour dire basta à l'incurie ! Basta aux déclarations mensongères du ministre en ce qui concerne la disponibilité des médicaments !» «Les malades souffrent et nous avec eux», lance le Dr Tewfik Yellès, un des porte-paroles du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), lors d'un rassemblement de solidarité avec les patients atteints de cancer. Ce mouvement de colère ayant eu lieu, jeudi dernier, face au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) à Alger. «C'est nous qui sommes confrontés les premiers au désarroi des malades. Souvent, nous nous retrouvons seuls face à leurs cris d'alarme et leurs crises de larmes. Des gens crèvent, il y a mort d'homme tous les jours… C'est insupportable ! Il faut que nos responsables agissent de façon à apporter les solutions adéquates et soulager, un tant soit peu, la douleur de ces malades», poursuit le représentant du Camra. Et ce dernier de relever que «le ministre de tutelle, Djamel Ould Abbès, affirme que les médicaments sont disponibles, mais qu'il y a mauvaise distribution et présence de lobbies qui ont le monopole sur ces médicaments. Qu'attend-il pour agir ? C'est lui le représentant des pouvoirs publics et c'est à lui d'intervenir en de telles circonstances. Les citoyens et les malades n'ont rien à voir là-dedans». Les médecins résidents soutiennent avec insistance qu'il y a manque considérable de médicaments. La situation est encore plus critique en ce qui concerne ceux utilisés par les cancéreux : «Nous nous inquiétons plus pour cela, parce qu'il y a des décès au quotidien. Il faut arrêter ça», confie un autre résident. Non sans battre en brèche, à son tour, toutes les déclarations officielles du ministre, Djamel Ould Abbès, qui assure du contraire : «Ce sont de gros mensonges. La pénurie est là, c'est un sérieux problème qu'il faudra prendre en charge très rapidement.»Par ailleurs, il est à noter que ces médecins résidents sont en phase de préparer leurs examens, qui auront lieu du 10 au 30 novembre. Ceux-là mêmes qui devaient avoir lieu les mois de juin et juillet derniers, et qui ont été reportés par la suite pour cause de leur grève au mois de septembre. Et comme l'année pédagogique a été prolongée au mois d'octobre, en commun accord avec l'administration et le ministère pour éviter l'année blanche, ces examens ne débuteront, finalement, que le 10 novembre. Les rattrapages suivront 15 à 20 jours plus tard. Autrement dit, les résidents sont très occupés en cette fin du mois d'octobre. Il n'empêche qu'ils adhèrent, voire initient eux-mêmes, des actions de solidarité avec les malades et, certainement, se préparent pour de nouveaux mouvements protestataires qui seront la continuité de leur grève, sit-in et marches de l'année dernière. «Le Camra n'est pas fini. Il ne s'essouffle pas. Nous reprendrons notre protestation le moment opportun. Ce sera une surprise pour le ministre», prévient un autre membre du collectif.