Les Etats-Unis ont décidé de suspendre leur contribution financière au budget de l'UNESCO en signe de représailles contre l'admission lundi à Paris de la Palestine en tant que membre à part entière au sein de cette institution onusienne à caractère plutôt social et humanitaire que politique. Washington qui a réintégré l'UNESCO en 2003, après vingt ans de boycott, contribue à hauteur de 20% au budget de fonctionnement de cet organisme. Cette mesure d'intimidation n'honore pas les Etats-Unis qui démontrent encore une fois leur mauvaise foi envers le peuple palestinien. Washington s'est déjà illustré, en septembre dernier, par son veto contre l'adhésion de la Palestine à l'ONU en tant que membre à part entière. L'administration américaine avait aussi coupé les vivres à l'Autorité palestinienne pour avoir osé déposer sa demande de reconnaissance de la Palestine en tant qu'Etat à part entière auprès des Nations Unies. Ainsi, l'AP s'est vue amputée d'une aide de 200 millions de dollars dont une grande partie de cet argent allait au paiement des salaires des fonctionnaires et des services de sécurité palestiniens en Cisjordanie et à El-Qods-est occupées. Les Palestiniens qui, jusque-là, s'étaient montrés disponibles et prédisposés à trouver une issue diplomatique à cette injustice historique qui dure depuis soixante ans vont-ils continuer à croire en l'efficacité du processus de paix, exclusivement chapeauté par les Etats-Unis ? Il est difficile de se lancer dans des réponses hâtives tant que la position politico-économique de l'Autorité palestinienne demeure très fragile. L'existence de l'Autorité palestinienne dépend de l'aide financière de la communauté internationale. L'Union européenne qui fournit plus de la moitié de cette aide n'arrive toujours pas à prendre une position unique vis-à-vis de ce conflit. En refusant de poursuivre des pourparlers inutiles avec un occupant israéliens sourds aux appels de la communauté internationale, et en s'engageant sur la voie de la proclamation unilatérale de l'existence d'un Etat palestinien, libre et autonome, les Palestiniens étaient conscients du risque (financier surtout) à prendre. Mais la Palestine s'est engagée, contrainte, dans cette voie qui constitue un camouflet pour les Etats-Unis et Israël. Washington, conduit par Barack Obama, incapable de tenir en ses promesses, devra assumer cette responsabilité historique d'avoir tout fait pour empêcher les Palestiniens de disposer de leur propre pays et d'en finir avec une occupation israélienne qui se poursuit grâce au silence complice de certains pays arabes et à l'indifférence d'une partie des puissances occidentales. L. M.