Synthèse de Sihem Ammour Depuis l'adoption au mois d'avril dernier du plan permanent de protection de La Casbah d'Alger, élaboré par l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés en Algérie, le lancement des travaux de restauration reste tributaire de plusieurs facteurs dont la promulgation d'un décret exécutif de mise en œuvre du plan. Ce décret serait promulgué, selon le directeur général de l'office, Abdelouahab Zekagh, «avant la fin du mois de novembre», a rapporté l'APS. Il aura force de loi auprès de toutes les parties concernées par les travaux de restauration, y compris les propriétaires qui «doivent répondre aux offres de l'Etat». Il est à souligner que de nombreuses bâtisses centenaires de La Casbah d'Alger, site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité et classé secteur sauvegardé, risquent de s'écrouler, en attente de ce fameux décret qui permettrait le coup d'envoi de cette restauration. Toutefois, la situation est plus complexe qu'il n'y paraît. A ce titre, Ahmed Ouada, secrétaire général de l'Association des propriétaires d'immeubles de La Casbah d'Alger, estime que l'un des facteurs de blocage du lancement des travaux de restauration est le fait que de nombreuses maisons traditionnelles de La Casbah d'Alger, bâties entre les XVIIIe et XIXe siècles, font l'objet de conflits juridiques entre héritiers. Il y a également le problème d'identification pour distinguer les vrais propriétaires des indus occupants. Il souligne à cet effet : «En tant qu'association, nous avons toujours affirmé que les travaux de restauration ne peuvent commencer que lorsque la bâtisse est en situation régulière, et nous avons demandé une révision de la propriété pour différencier les vrais propriétaires des faux.» Il a également estimé que 80% des propriétaires actuels sont des «indus occupants, n'ayant pas d'acte et ne payant aucune charge».L'Association des propriétaires d'immeubles de La Casbah d'Alger compte actuellement 400 membres, entre propriétaires et héritiers de bâtisses.Pour sa part, le président de la Fondation Casbah, Belkacem Babaci, ne trouve pas d'explication au retard pris pour le lancement des travaux de restauration, alors que, selon lui, «toutes les conditions sont réunies […]. Rien ne devrait s'opposer au lancement des travaux de restauration, surtout que les travaux d'étaiement se sont achevés il y a deux ans». Pour le président de la Fondation Casbah qui, lui aussi, soulève le problème de propriété, la plupart des propriétaires sont «défaillants» en matière de restauration, alors que leur collaboration est «incontournable». Il a rappelé que sur 1200 bâtisses recensées en 1962 dans La Casbah d'Alger, 420 se sont écroulées, laissant place à des plates-formes et des terrains de construction. Sur les 780 bâtisses restantes, 50% sont en bon état, tandis que l'autre moitié nécessite des interventions. Pour conclure, il est à souligner que le directeur général de l'office Abdelouahab Zekagh a affirmé que les travaux de restauration des maisons dont les propriétaires ont présenté des dossiers commenceront à partir de janvier prochain, en même temps que la deuxième phase des travaux d'urgence du plan. Il est à préciser que les travaux de restauration de la vieille cité algéroise, qui s'étend sur 100 ha et abrite 50 000 habitants, seront menés à travers une «opération tiroir», grâce à laquelle les habitants seront relogés provisoirement dans d'autres logements en attendant que leurs bâtisses soient restaurées.