Il est prévu la protection de quelque 400 maisons qui menacent ruine, pourtant toujours occupées par plus de 50 000 habitants. La première phase de l'élaboration du plan permanent de sauvegarde de la Casbah d'Alger vient d'être achevée. Lancé en 2007, ce plan se veut un instrument juridique, élaboré par une équipe de 25 experts de différentes spécialités. Il s'agit d'une étude approfondie de ce quartier à laquelle se sont attelés des sociologues, des économistes, des architectes, des urbanistes, des historiens, des archéologues… Ces spécialistes ont établi un diagnostic du patrimoine et ont pu détecter son mal. À partir de ce constat, ils agiront de sorte à ce qu'ils puissent sauvegarder les quelque 400 maisons qui menacent ruine, pourtant toujours occupées par plus de 50 000 habitants. Pour l'exécution de cette opération, l'Etat a débloqué, il y a trois ans, une enveloppe de 600 millions de DA. M. Abdelwahab Zekagh, directeur général de l'Office national de gestion et d'exploitation de biens culturels protégés a déclaré hier sur les ondes de la radio Chaîne III que le plan en question sera mis en œuvre bientôt. Des opérations seront ainsi entreprises pour gérer les canalisations d'eau, combler les parcelles vides, lutter contre les constructions illicites et interdire l'utilisation du béton et de l'aluminium. Selon lui, environ 394 maisons ont, jusque-là, subi une action de renforcement et de confortement en attendant leur restauration définitive. Des habitations seront également édifiées sur les terrains vacants afin de renforcer celles qui s'y trouvent déjà et éviter de ce fait leur “effondrement en château de cartes. Car la Casbah est bâtie sur une pente”, a souligné M. Zekagh. La décision a été donc prise pour revenir à l'usage de la chaux et l'utilisation des couleurs traditionnelles, des décorations avec mosaïques, la céramique... Une lutte contre les constructions illicites sera en outre déclarée et tout usage de béton et de l'aluminium sera interdit. Pour le DG de cet office, tout le monde devra s'impliquer, notamment les propriétaires privés qui représentent 80% de la population de la Casbah. Ces derniers devront accepter l'acte de restauration. Aux pouvoirs publics de les aider pour procéder à la réhabilitation de leurs demeures. Il faut noter que la Casbah d'Alger est dans un état de délabrement total. “Depuis trente ans que nous parlons de la Casbah, classée patrimoine mondial, nous ne savons pas à ce jour comment faire pour gérer et exploiter ce bien culturel”. L'Agence nationale des secteurs sauvegardés a été, pour rappel, créée lundi dernier et le décret exécutif portant sa création a été adopté par le gouvernement. Cet organisme a pour charge d'exécuter le plan de protection de la Casbah ainsi que le patrimoine de onze villes dont Dellys, Ghardaïa, Tlemcen, Annaba, Constantine, Béjaïa, Cherchell, Tazoult et Tipasa. “L'Agence est un organe d'exécution de puissance publique qui gère les secteurs sauvegardés. Elle sera le seul interlocuteur en matière de sauvegarde et de contrôle. Elle aura à élaborer un plan permanent de sauvegarde dont la gestion sera assurée par les experts”, a-t-il expliqué. Abdelwahab Zekagh a, par ailleurs, affirmé que des mesures d'urgence ont été lancées pour réhabiliter la mosquée de Ketchaoua à Alger et sauver les minarets de l'écroulement. À ce propos, un avis d'appel d'offres international a été publié pour choisir les entreprises qui vont exécuter le projet de sauvegarde de cet ancien édifice.