Comme prévu, le rapport de l'AIEA a exprimé de «sérieuses inquiétudes» sur le programme nucléaire iranien, en invoquant des informations jugées «crédibles» selon lesquelles Téhéran aurait travaillé à la mise au point de l'arme atomique. Ainsi donc le dit rapport, comme prévu, livre pour la première fois des éléments allant dans le sens des soupçons occidentaux. Certaines capitales ont immédiatement réagi en réclamant un durcissement des sanctions contre Téhéran. Les iraniens qui attendaient cette nouvelle charge ont promptement réagi, montrant leur fermeté. «Nous ne reculerons pas d'un iota sur le chemin sur lequel nous nous sommes engagés», a déclaré le président Mahmoud Ahmadinejad. L'AIEA a «sacrifié sa réputation en reprenant les affirmations invalides des Etats-Unis», ajoutera-t-il. Téhéran a rejeté en bloc les accusations «sans fondement» de l'AIEA, basées vraisemblablement sur des éléments anciens, incluant certains faux documents «fabriqués» par les renseignements américains et occidentaux. Téhéran y avait d'ailleurs répondu en détail il y a des années. Le représentant iranien à l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, a accusé le directeur général de l'agence, Yukiya Amano, d'avoir agi de façon «partiale, politique et non professionnelle» en entérinant un tel document. L'Iran «n'abandonnera jamais ses droits légitimes» en matière nucléaire, a-t-il affirmé. Toutefois, il continuera à «respecter ses obligations dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire» qui prévoit la supervision de ses activités par l'AIEA, qui focalise depuis environ huit ans sur le programme nucléaire iranien. Téhéran a annoncé son intention de «répondre» à l'AIEA en coordination avec d'autres Etats, qui s'étaient opposés en vain à la publication du rapport. Les réactions à ce dernier ne se sont pas faites attendre. Moscou déclare qu'il ne soutiendra pas l'adoption de nouvelles sanctions contre l'Iran. Les Etats-Unis et la France ont, de leur coté, réclamé un durcissement des sanctions contre Téhéran. Paris en rajoute même une couche par la bouche du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, pour qui la saisine du Conseil de sécurité «s'impose». Israël, qui avait fait monter la pression, en brandissant la menace d'une possible agression contre les installations nucléaires d'Iran, a laissé entendre que la sévérité du rapport de l'AIEA allait lui permettre d'attendre pour voir si la «communauté internationale» adopterait les sanctions «paralysantes» qu'il réclame. Ce n'est pas la première fois que l'Iran se retrouve sous la pression d'Israël et des occidentaux sur le dossier du nucléaire. Téhéran est déjà sous le coup de six résolutions du Conseil de sécurité, dont quatre assorties de sanctions. Mais les iraniens, conscients de leur droit inaliénable au nucléaire, sont persuadés qu'ils sont dans la mire d'Israël et ses alliés. Le chef d'état-major adjoint des forces armées iraniennes, le général Massoud Jazayeri, a d'ailleurs averti Israël de «destruction» en cas d'agression. La riposte iranienne pourrait viser la centrale nucléaire israélien de Dimona et que la réaction légitime des iraniens «ne sera pas limitée au Proche-Orient». M. B.