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Appel aux autorités françaises à reconnaître les massacres du 17 Octobre 1961 à Paris Signé par des intellectuels, anciens ministres et partis politiques français
Décidément, les crimes commis contre les Algériens, le 17 octobre 1961, suscitent de plus en plus de prise de conscience au sein d'une classe politique et du mouvement associatif en France qui appellent la France officielle à reconnaître ses crimes d'Etat. Pour, disent-ils, ouvrir les pages d'une «histoire apaisée» entre les deux rives de la Méditerranée. De prestigieux intellectuels, anciens ministres et partis politiques français ont ainsi appelé les plus hautes instances officielles de la République française à la «reconnaissance officielle» des massacres de centaines d'Algériens lors de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 à Paris. A la fin octobre, l'appel lancé à l'initiative de l'Association au nom de la mémoire (ANM) et le journal en ligne Mediapart a récolté 10 000 signataires dont celles de l'humaniste, philosophe et ancien diplomate Stéphane Hessel, le sociologue Edgard Morin, les historiens Benjamin Stora, Jean-Luc Einaudi et Gilles Manceron, l'écrivain et ancien éditeur François Maspero, le mathématicien Michel Broué ainsi que le fondateur du Nouvel Observateur, Jean Daniel, précise-t-on. L'appel, signé également par des Algériens, représentant pour la plupart la société civile, a aussi reçu l'adhésion et le soutien de toutes les forces politiques de la gauche française dans sa diversité. Figurent également dans la liste des signataires, les dirigeants du Parti socialiste, d'Europe Ecologie Les Verts, du Parti de gauche, du Parti communiste et du Nouveau Parti anticapitaliste. Des demandes de rendez-vous pour la restitution des 10 000 premières signatures de l'Appel pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 Octobre 1961 à Paris ont été adressées mardi 8 novembre 2011 au Sénat, à l'Assemblée nationale, à l'Elysée (Présidence) et à Matignon (gouvernement) «pour enfin arracher la reconnaissance de ce qu'il convient de qualifier de crime d'Etat», a indiqué à l'APS le président de l'Association au nom de la mémoire (ANM), Mehdi Lallaoui, co-initiateur de cette action. «Sitôt les réponses reçues pour des rendez-vous, a-t-il ajouté, des personnalités signataires iront remettre solennellement les premières 10 000 signatures de cet appel à ces autorités.» Dans les lettres susmentionnées, les initiateurs de l'appel rappellent que la «répression policière, aussi meurtrière qu'injustifiée de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 fait partie de l'histoire de la France» et que l'appel pour la reconnaissance de ces massacres participe d'une «démarche de vérité et d'un esprit de réconciliation, loin de toute vengeance ou repentance». «A l'orée de l'année du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, qui fut aussi une déchirure nationale, cet appel entend ouvrir la voie à une nouvelle fraternité franco-algérienne qui permet de construire, entre deux peuples liés par une histoire commune, un avenir de paix, de solidarité et de prospérité», ont-ils poursuivi. Pour les initiateurs de cette action, le temps est venu pour une «reconnaissance officielle de cette tragédie, dont la mémoire est aussi bien française qu'algérienne», estimant dans ce contexte que reconnaître les crimes du 17 Octobre 1961 ouvre les pages d'une «histoire apaisée» entre les deux rives de la Méditerranée. Selon le président de l'Association des moudjahidine de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN - 1954-1962), Akli Benyounès, la chasse à l'homme sanglante déclenchée contre les Algériens le 17 octobre 1961 à Paris a été accompagnée de 12 000 à 15 000 interpellations dont 3 000 hommes envoyés en prison, tandis que 1 500 ont été refoulés vers leurs douars (hameaux) d'origine. Pas moins de 300 à 400 morts par balles, par des coups de crosse ou par noyade dans la Seine ont été enregistrés lors de ce massacre, alors que 2 400 blessés et 400 disparus ont été dénombrés, a rappelé M. Benyounès. A. R.