Par Youcef Salami C'est aujourd'hui que le Forum des chefs d'entreprise (FCE) organisera son assemblée élective, un vote à enjeu. Trois candidats sont en lice pour la présidence du FCE : Hassen Khelifati, président-directeur général d'Alliance Assurances, une entreprise privée cotée en bourse, Mohamed Baïri, directeur général d'Ival, distributeur de Fiat, Iveco et Mazda, et président d'Ac2a, une association regroupant des concessionnaires automobiles, et Réda Hamiani, le président sortant. Nassim Kerdjoudj, PDG de Net Skills et vice-président du FCE, lui, s'en est retiré. Ce sera donc une liste à trois, reflétant, tout de même, une sorte de pluralité au sein d'une organisation qui, quoi qu'on en dise, a fait avancer le débat sur de nombreuses questions économiques. Mis en place il y a dix ans dans un contexte économique difficile, le Forum des chefs d'entreprise s'est donné une identité, dès le départ, à la création : il ne voulait pas et ne veut pas évoluer sous le statut d'organisation syndicale. Une structure qui se met à contribution pour formuler des propositions réalistes en matière de budget, de fiscalité… le FCE s'en revendique. Seulement voilà, de cette ligne de conduite, l'organisation que dirigeait Omar Ramdane, avant de laisser place à Réda Hamiani, s'en est quelque peu éloignée, et de proche en proche, le FCE s'est mis à se mêler de la politique. N'a-t-il pas appelé à voter pour Abdelaziz Bouteflika, en 2009 et en 2004 ? Une attitude que beaucoup de membres n'ont pas appréciée et du coup, certains d'entre eux s'en sont retirés. La cohésion du FCE s'est ainsi fissurée, mais pour un temps, avant que l'organisation ne se reprenne et qu'elle ne s'inscrive dans une nouvelle dynamique, hostile au gouvernement, non sans raison : le soutien que le FCE a apporté à l'élection du chef de l'Etat n'a, cependant, pas produit un retour d'écoute favorable. Concernant les dispositions contenues dans la loi de finances complémentaire 2009, la présidence du FCE ne s'y attendait pas. Elles mettent en difficulté les PME, socle sur lequel repose toute économie qui veut se développer, relève Réda Hamiani. Les divergences entre l'Exécutif et le FCE ont conduit à une mesure radicale : des entreprises de poids ont quitté l'organisation, et celle-ci a chaviré. Dans un contexte pareil, la présidence du FCE se voyait «contrainte» de réajuster sa vison, de remodeler son discours relatif à la politique économique gouvernementale. Et, décision spectaculaire, dans cette direction, le FCE participe à la tripartite. La décision a été soumise à l'appréciation de l'assemblée générale ordinaire. C'était en 2010. Pour Réda Hamiani, la tripartite représente «le seul cadre» de discussions, et, s'il «n'y participe pas», s'il «s'en prive», le FCE se mettra «hors-jeu». Réda Hamiani se dit satisfait des conclusions de la dernière tripartite à laquelle il a pris part. Il estime toutefois que le FCE n'a pas été compris par rapport à la nouvelle réglementation économique. Le FCE est fort de plus de deux cent membres, un panorama d'entreprises qui dégagent 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires.