Chassez le naturel, il revient au galop. Après la levée de boucliers suscitée il y a quelques jours par la hausse des indemnités des parlementaires -passée comme une lettre à la poste dans les deux Chambres- un groupe de députés, qui ne se sont pas encore identifiés, ont fait circuler, hier, un appel à leurs collègues les appelant à profiter des débats sur la loi de finances 2009 pour réviser le régime des retraites des parlementaires. Cela se passe au moment où ceux qui sont censés représenter le peuple discutent des meilleures voies qui permettront aux Algériens de vivre dans la décence. Pourtant, ce ne sont pas les sujets qui manquent : la crise financière risque d'emporter le monde, le pouvoir d'achat des Algériens est loin d'être à un niveau acceptable, une région du pays, Ghardaïa, est ravagée par les torrents de l'oued Mzab, la taxe automobile constitue toujours un obstacle pour beaucoup de citoyens au faible revenu et désirant acquérir un véhicule. Et, par-delà tout, les autorités ont répondu favorablement au «souhait» de nos représentants de «bénéficier» des «augmentations» accordées aux fonctionnaires. Cela ne suffit-il pas ? Cela s'appelle tout simplement de l'indécence. Parce que, il faut le dire de manière crue, il ne manque rien aux parlementaires, sinon de s'occuper sérieusement de leur travail. Souvent mal élus, ces «politiques» ont souvent le plus beau rôle. Celui de s'asseoir sur une chaise confortable en attendant un hypothétique texte à discuter. Mais, en plus de cela, nos parlementaires -qui aiment se comparer à leurs collègues d'autres pays- ont déjà bénéficié de tout. Y compris d'une retraite enviable. Pour les amnésiques, c'est en 2002 que les députés avaient leur régime de retraite. Un parlementaire qui a accompli un seul mandat, par exemple, peut toucher la moitié de l'indemnité de base d'un cadre supérieur de l'Etat, s'il veut renoncer à son emploi d'origine. Ce qui donne quelque 8 millions de centimes. Alors que le parlementaire qui accomplit deux mandats successifs est considéré «cadre supérieur de l'Etat» et part avec une retraite dorée, parfois avant d'atteindre la quarantaine. Ce n'est pas suffisant ? Apparemment non. Cette indécence ne rapporte rien au pays. Ni aux députés d'ailleurs. Puisque à la prochaine élection législative, il sera difficile de convaincre les smicards de «la noblesse» de la mission du député. Qui va croire désormais que les candidats aux législatives veulent régler les problèmes des citoyens ? Personne. A part peut-être ceux que les nouveaux avantages des parlementaires vont toucher. A. B.