L'expression sonne comme un slogan creux, les indices de bonheur - de bien-être du moins - étant inexistants et la réalité quotidienne montrant les tourments des enfants. Il serait indécent d'en user et d'en abuser en affirmant que «les enfants sont nés pour être heureux», car si la sentence est exprimée dans l'absolu, ce n'est pas le cas de tous les enfants sur la planète. Ce ne sont pas ces images de gamins décharnés mourant de faim et de ceux qui prêtent leurs petits bras à des exploiteurs de tous genres contre une bouchée de pain qui nous démentiront. Qu'est-ce qu'il en est dans notre pays, 22 ans après l'adoption par les Nations unies de la Convention internationale des droits des enfants, que l'Algérie a ratifiée trois ans plus tard ? Ce qui est certain, c'est que nous ne pouvons pas attester de leur bien-être, nous aurions un niet catégorique. Le nombre d'enfants qui partagent le sort malheureux de leurs mères répudiées et chassées du domicile conjugal est impressionnant ; leur situation de SDF ne semble nullement perturber les «bonnes» consciences. Le chemin vers la délinquance n'est jamais loin quand on sait tous les dangers qui guettent des petits jetés à la rue par leur géniteur censé les protéger. Des enfants peuplent les bas-fonds, ils y grandissent et y apprennent tous les vices, ils s'y adonnent aux stupéfiants et y prennent goût. Ils y sont maltraités aussi par des adultes qui créent un monde qu'ils gouvernent en abusant des enfants dans tous les sens du terme. La famille peut être aussi un foyer de maltraitance, les enfants battus ou victimes d'agressions sexuelles sont doublement martyrisés puisque leur souffrance est muette, la ou les causes étant taboues lorsqu'il s'agit du milieu familial. Comment donc prétendre que le bonheur est le lot des enfants lorsque les paramètres en sont bafoués, parfois par les proches mêmes, par le voisinage souvent et dans les rebuts qui leur servent de toit, toujours. L'infortune continue d'accabler les petits nés hors-mariage, ils découvrent très tôt que leur vie est une erreur. C'est du moins ainsi que leur situation est appréhendée par la société alors que les pouvoirs publics, par frilosité ou par manque de volonté, piétinent dans l'enchevêtrement de naissances sous X - qu'il est pourtant aisé de déterminer par le recours à l'ADN - et de kafala qui demeure encore problématique. Quels sont les droits des enfants ? Une question que beaucoup ne se posent même pas, convaincus qu'on peut en faire ce qu'on veut. Comme par exemple les utiliser dans des chantiers ou les exploiter dans des réseaux de prostitution. De là à leur apprendre leurs droits, c'est un pas que l'on n'est pas près de franchir. D'ailleurs, la ratification de la Convention dont le monde a célébré le 22e anniversaire hier n'a pas été suivie d'effet, puisque le code de l'enfance reste à faire. R. M.